Milieu des années 1980, au Japon : Nintendo est touchée par la grâce. Après quelques balbutiements, l'éditeur de jeux vidéo vient de sortir Super Mario Bros, un classique instantané qui propulse Mario au rang de superstar. Nintendo ne veut pas s'arrêter en si bon chemin. Quelques mois plus tard, le 21 février 1986, l'entreprise présente The Legend of Zelda, sur Famicon (puis sur NES un an plus tard). Un jeu d'aventure moins classique et plus ambitieux. Un pari qui se révèle également gagnant puisque c'est le début d'une saga qui, 35 ans plus tard, est encore l'une des plus populaires de l'histoire du jeu vidéo.
Une histoire de chevalerie universelle
The Legend of Zelda est un jeu d’action-aventure dans le genre médiéval fantastique avec une histoire somme toute très classique : un preux chevalier est chargé de sauver le royaume d’Hyrule et sa princesse capturée par Ganon, créature malfaisante mi-homme, mi-bête. Un scénario inspiré à Shigeru Miyamoto, le papa de Mario, par le film Legend, de Ridley Scott, dans lequel un jeune Tom Cruise incarne un jeune homme candide, très amoureux d'une princesse, et forcé de lutter contre un démon. Le cerveau de Nintendo reprend les principaux éléments du film, les mixe à la sauce japonaise, et ainsi naît The Legend of Zelda.
Une histoire de chevalerie qui n'est pourtant pas une épopée épique. Shigeru Miyamoto replace le jeu dans un cadre bucolique, presque relaxant. Pour cela, il fait appel à ses souvenirs de promenades dans la campagne et la forêt autour de Kyoto, quand il était enfant. À l'exception des phases de combat, Zelda mise ainsi beaucoup sur l'exploration. À l’époque, c’était évidemment pixellisé à souhait, il s'agissait principalement de traverser des grottes et des donjons en vue du dessus. Nintendo avait des doutes sur le potentiel du jeu mais les joueurs ont immédiatement adhéré au concept.
Link, héros d'un jeu révolutionnaire
Et pourtant, une grande confusion entoure The Legend of Zelda : contrairement à ce que le titre laisse penser, Zelda n’est pas le héros du jeu ! Il s'agit en réalité de la princesse qu’il faut sauver. Le héros, lui, s'appelle Link. C'est un petit chevalier blondinet reconnaissable dès le premier épisode à son chapeau vert de lutin, son épée et son bouclier. C’est lui que l'on contrôle dans cette aventure ponctuée d’énigmes, de combats et de trésors à découvrir. Comme Mario, Link ne parle pas mais il devient rapidement très populaire et on le retrouve par la suite dans tous les jeux de la licence.
Au-delà des personnages iconiques, The Legend of Zelda se distingue par deux innovations. D'abord, la carte du jeu, en monde ouvert, offre une liberté totale. On peut aller où on veut quand on veut. Il n'y a pas d'indications spécifiques ni de missions. Et puis, pour la première fois dans un jeu vidéo, on pouvait sauvegarder sa progression grâce à une pile intégrée à la cartouche. Une révolution qui permettait de ne pas repartir de zéro à chaque fois partie.
Une saga riche et ponctuée de chefs-d'oeuvre
Le succès fulgurant de The Legend of Zelda pousse Nintendo à développer la franchise. Un deuxième jeu, The Adventure of Link, sort en 1987. Avec les années et l'évolution technologique des consoles, l'univers de la série s'étend. L'histoire reste toujours sensiblement la même mais l'éditeur japonais agrandit le monde, diversifie les décors et ajoute des personnages. La série offre ainsi quelques uns des plus grands jeux vidéo de tous les temps : A Link to the Past (1991), Link’s Awakening (1993), Ocarina of Time (1998, le jeu le mieux noté de l'histoire par les critiques), The Wind Waker (2003) ou encore le dernier en date Breath of the Wild (2017).
Au total, 19 jeux sont sortis en 35 ans dans la série principale et une dizaine d'autres épisodes annexes, sur toutes les consoles. La franchise a pris toutes les formes imaginables, de la 2D à la 3D, du RPG au jeu de réflexion. On estime que l’ensemble des titres Zelda se sont vendus à environ 100 millions d’exemplaires dans le monde.
Zelda est aussi un phénomène musical
Enfin, il y a un élément qui a contribué à faire de The Legend of Zelda une série culte : ses musiques. Elles sont l'oeuvre de Koji Kondo, également compositeur des bandes-originales de la saga Super Mario. Outre le thème principal, véritable ode à l'aventure déclinée à l'infini depuis 1986, il a produit quelques unes des plus belles musiques de jeux vidéo, tantôt épiques, tantôt apaisantes. Avec un sommet : Ocarina of Time et sa bande-son poétique.
Il y a la musique des jeux et les musiques inspirées par les jeux. Phénomène culturel intergénérationnel, The Legend of Zelda a nourri l'imagination de nombreux artistes, notamment dans le rap français. Selon un décompte de la chaîne Youtube spécialisée Le Règlement, il s'agit du neuvième jeu vidéo le plus cité par les rappeurs francophones. Parmi eux, Nekfeu, PNL et surtout Vald, dont Zelda est la série de jeux préférée.
Franchise bien ancrée dans la pop culture, The Legend of Zelda a encore de beaux jours devant elle. Nintendo a deux nouveaux jeux dans ses cartons. Le premier est un remake de Skyward Sword, sorti en 2011 sur Wii, refait pour la Switch et prévu pour juillet 2021. Et puis, sans doute en 2022, Breath of the Wild 2, la suite d’un des plus grands jeux des dernières années.