Tokyo, le 11 mars 2011, un tsunami ravage la côte du Japon, menaçant la destruction de la centrale de Fukushima. Alexandra (Karin Viard) qui travaille depuis peu pour une banque française à Tokyo se retrouve au cœur de cette crise. Tiraillée entre les ordres de sa direction et la volonté de protéger sa famille et ses collaborateurs, Alexandra tente de composer avec la situation et se retrouve, presque malgré elle, à défendre une certaine idée de l’honneur.
>>> Un témoignage à l’origine du film
Olivier Peyon, le réalisateur, a eu l’envie de faire le film après le récit du drame que lui a raconté une amie qui travaillait à Tokyo à cette époque. "Elle me décrit la puissance des secousses, l’horreur du tsunami, l’angoisse montant au fur et à mesure que la centrale de Fukushima devenait hors de contrôle. Que faire : partir ou rester ? Chacun s’arrange avec sa conscience" explique Olivier Peyon. "C’est véritablement le quotidien d’une catastrophe qu’elle me raconte, quand vous avez tellement de choses à gérer que vous n’avez pas le temps d’avoir peur, où la grande et la petite histoire se mélangent. L’envie d’en faire un film était née".
>>> Portrait des erreurs et inconsistances du système japonais
Accompagné de Cyril Brody, coscénariste du film, Olivier Peyon s’est rendu sur place pour enquêter. "Nous sommes allés à Tokyo visiter la banque dans laquelle mon amie travaillait, nous avons rencontré le milieu des expatriés" précise Olivier Peyon. "Nous nous sommes aussi évidemment beaucoup intéressés au cas de TEPCO, l’équivalent privé d’EDF en charge de la centrale de Fukushima. En 2009, un rapport avait stipulé qu’il fallait surélever les digues de deux centrales à cause des risques de tsunami – celles de Fukushima et d’Onagawa, plus au nord qui ne dépendait pas du même opérateur. Cela coûtait des millions : TEPCO a enterré le rapport tandis que l’autre opérateur a surélevé ses digues. On sait ce qu’il est advenu de la centrale de Fukushima alors que l’autre a été épargnée. C’est toujours la même histoire d’argent et de profit. Et c’est une belle métaphore du capitalisme : quand tout va bien, tout roule ; quand ça bloque, l’état de nature reprend ses droits, il n’y a plus personne" observe le réalisateur.
>>> Une femme qui se révèle face à la grande histoire
Dès l’arrivée du Tsunami et avant même l’explosion de la centrale de Fukushima, les supérieurs d’Alexandra font aussitôt peser sur elle la gestion de la crise. "Le scénario m’a plu" déclare Karin Viard. "Je trouvais qu’il reflétait bien notre époque, que ce soit à travers la représentation des femmes, celle des milieux de la finance ou du traitement de la catastrophe de Fukushima. N’importe quel être sensé serait parti en courant, mais pas Alexandra, elle a été formée pour assumer cette charge". Un personnage combattif donc, qui a particulièrement intéressé l’actrice. "Elle a dû se battre, tout ne lui est pas tombé tout cuit dans le bec" explique-t-elle. "Et, se battant, elle a non seulement acquis le sens des responsabilités, mais elle a aussi assimilé des valeurs ; une éthique. Elle va quand même finir par se révolter. Mais on peut imaginer que si les choses n’étaient pas allées si loin, elle aurait obéi jusqu’au bout. Ce film, c’est vraiment l’histoire d’une femme qui se révèle face à la grande histoire".
"Tokyo Shaking" est en salles ce mercredi, en partenariat avec Europe 1.