Les romans ne manquent pas, surtout peu après la rentrée littéraire. Parmi des centaines de nouveaux livres, les libraires ont extrait leurs pépites. Cette semaine, Anaïs Ballin, de la librairie "L'Ecriture" à Vaucresson dans les Hauts-de-Seine et Christophe Daniel, de la librairie "La 25e heure" à Paris, nous dévoilent leurs choix, dans La voix est livre, sur Europe 1.
Toutes les familles heureuses d'Hervé Le Tellier, aux éditions JC Lattès
"Ce n'est pas un roman, c'est plutôt un récit autobiographique. Toutes les familles heureuses, le titre, fait allusion à l'incipit d'Anna Karénine de Tolstoï : 'Toutes les familles heureuses se ressemblent. Les familles malheureuses le sont chacune à leur façon.' Hervé Le Tellier nous parle de sa famille qui n'est pas spécialement heureuse entre un père absent, un beau-père très distant et une mère assez fantasque. Quand on est enfant dans une famille comme ça, qu'est-ce qu'on peut faire pour trouver une échappatoire ? Se plonger dans la littérature, par exemple. Ce livre avec beaucoup de pudeur, d'humour et de causticité va nous raconter comment on peut se construire à travers la littérature, entre autres. On retrouve tout le talent d'Hervé Le Tellier qui est à la fois journaliste et romancier oulipien (qui aime les jeux littéraires, les contraintes d'écriture, ndlr.) Il y a une dimension universelle qui existe dans tout récit réussi." (Christophe Daniel).
Déflagrations. Dessins d'enfants, guerres d'adultes, aux éditions Anamosa sous la direction de Zérane Girardeau
"C'est un livre dur, mais important. Avant d'être un livre, c'était une exposition créée par Zérane Girardeau, qui dirige le livre. Celui-ci réunit 154 dessins d'enfants de 4 à 17 ans sur la guerre, de la Première Guerre mondiale au conflit syrien, en passant par le Darfour, l'Afghanistan, le Nigéria, la Palestine, la France, l'Algérie, le Rwanda. Il y a quelque chose de saisissant quand on parcourt le livre : il y a parfois un tremblement dans la ligne qui montre une peur, une urgence de devoir dire les choses. Dans d'autres dessins, c'est une précision déconcertante qui bouleverse. Il va y avoir des petits bonhommes d'une enfant de 10 ans, valise à la main, qui fuient la Syrie et un avion, en haut à droite de la feuille, qui largue des bombes. Il va y avoir les petites traits, très alignés, de Lafi qui a dix ans pendant la guerre d'Algérie. Il y a les toits en feu, les corps au sol, des armes, des explosions, des visages sans bouche. C'est hallucinant. Les textes contextualisent et répondent aux dessins ou les analysent. Il y a de la poésie, des thèmes. Je cherchais un mot pour ce livre en préparant la chronique. Le mot qui m'est venu, c'est sidération, peut-être aussi vertige." (Anaïs Ballin).
Et aussi...
Christophe Daniel conseille également Jeu blanc de Richard Wagameze, un ouvrage déjà recommandé par Anaïs Ballin, il y a deux semaines dans l'émission. "C'est magnifique, bouleversant et en même temps très sobrement écrit. C'est l'histoire d'un jeune Amérindien qui est emmené dans un institut catholique où il va vivre un enfer. Il va trouver son salut par la pratique du hockey-sur-glace."