La scène, aussi improbable que choquante, tourne en boucle sur les réseaux sociaux : le 23 décembre, l'humoriste Donel Jack'sman se produit à Nice quand soudain, un spectateur l'interpelle en lançant "sale noir !". "Je suis encore sous le choc, je n'ai pas assez de recul. J'ai la chance d'être un artiste et donc d'être soutenu. Mais je pense à ceux qui vivent le racisme au quotidien et de façon plus grave", a réagi le comédien, vendredi, sur Europe 1.
"C'est d'une violence sans nom". Dans Le grand journal du soir, Donel Jack'sman est revenu sur ce moment où il a été pris à partie. "J'étais sur scène en train de faire mon spectacle, tout se passait bien. Au moment où je demande qui vote Front national dans la salle, un homme applaudit. C'est plutôt honnête de l'avouer de sa part. Puis il me lance un 'sale noir' en pleine figure", raconte-t-il. Sur le coup, l'humoriste "n'y croit pas" : "Ce n'est pas la France que j'aime ni celle que je connais. C'est d'une violence sans nom".
Donel Jack'sman croit d'ailleurs à une blague. "C'est pour ça que je lui demande plusieurs fois 'Pardon ?', pour lui laisser une chance de me dire que c'est une vanne ratée ou qu'il est ivre. Ce n'est pas possible qu'un raciste paie sa place, vienne me voir et m'insulte. À moins que ce soit un raciste daltonien", plaisante-t-il. "Même le public a rigolé au départ. Les gens ne valident pas cet acte odieux, au contraire, ils pensent que c'est tellement gros que ça doit être un complice. Au deuxième 'sale noir', le public comprend que ce n'est pas un gag et on rentre dans un moment de gêne absolue", explique l'humoriste de 37 ans.
"C'est une minorité de Français qui est raciste". Cinq jours après ce dramatique incident, Donel Jack'sman ne veut pas céder au fatalisme. "Ce n'est pas la ville de Nice qui doit être remise en cause, ni la France. C'est une minorité de Français qui est raciste, n'accepte pas la différence et veut diviser les gens", estime-t-il. "Dans mon spectacle, je demande aux gens de ne pas stigmatiser les noirs et les arabes. De même, il ne faut pas stigmatiser toutes les personnes blanches et les mettre toutes dans le sac du racisme", ajoute-t-il.
Bien qu'il se dise "optimiste", Donel Jack'sman, qui sillonne la France avec ses spectacles depuis des années, observe qu'une "fracture est en train de se créer en France, avec une libération de la parole nauséabonde sur le racisme, l'antisémitisme, l'homophobie, le sexisme…". "Il y a une peur de l'autre qui grandit, appuyée par des politiciens et des partis politiques. Il ne faut pas croire que le racisme appartient au passé. Les personnes qui subissent du racisme n'osent parfois pas se plaindre de peur de passer pour des victimes. Ce n'est pas normal, c'est aux racistes d'arrêter", martèle l'humoriste, qui confirme sa volonté de porter plainte : "Le racisme est un délit".