Trois conseils avant d'envoyer votre premier livre à une maison d'édition
Le mensuel "Lire-Magazine littéraire" publie en partenariat avec Europe 1 un nouveau numéro sous forme de guide pratique pour tous ceux qui veulent envoyer un manuscrit à un éditeur. Invité de "Culture médias" sur notre antenne vendredi, le directeur de la rédaction, Baptiste Liger, a listé les principales recommandations à suivre.
Écrire une nouvelle, un roman, une pièce de théâtre, de la poésie... c'est ce qu'ont fait près de 10% des Français et Françaises adultes pendant le premier confinement, selon les conclusions d'une étude Harris Interactive parue en mai 2020. Et le mouvement semble s'être confirmé au fil de l'année, puisque l'une des plus grandes maisons d'édition, Gallimard, débordée, a demandé début avril aux apprentis écrivains d'arrêter d'envoyer leurs manuscrits. À qui adresser sa prose ou ses vers ? Quelles sont les règles pour bien s'y prendre et s'assurer d'être lu ?
Afin de répondre à ces questions, le mensuel Lire - Magazine littéraire sort en partenariat avec Europe 1 un numéro fait de conseils pratiques pour mieux cerner les rouages de l'édition. Invité vendredi de Culture médias, sur Europe 1, le directeur de la rédaction, Baptiste Liger, a listé quelques recommandations à suivre pour s'assurer que son manuscrit ne finira pas au fond d'une corbeille à papiers, sans avoir été parcouru au-delà des premières pages.
Avant d'envoyer votre texte, faites le lire à des proches
"Ce que j'aurais tendance à recommander, c'est de tester son texte autour de soi, auprès de gens à qui l'on peut faire confiance", explique Baptiste Liger. Car il y a de fortes chances que ce qui fasse tiquer un éditeur fasse aussi tiquer vos relecteurs. N'hésitez pas à faire lire le manuscrit à plusieurs personnes, de manière à pouvoir recouper leurs impressions. L'histoire se tient-t-elle ? Les personnages sont-ils bien construits ? Les dialogues percutants ? Le style séduisant ? Seul un regard extérieur vous aidera à prendre du recul sur ces différents éléments, surtout si vous venez de passer des mois dans votre texte, à en peaufiner chaque micro-détail, au point de perdre de vue la dynamique générale.
Une petite astuce : plutôt que de demander à vos premiers lecteurs s'ils ont aimé ce que vous leur avez soumis, demandez leur plutôt ce qui ne va pas. Ils se sentiront autorisés à aller droit au but, sans craindre de froisser votre susceptibilité. Et vous n'avancerez que plus vite dans vos corrections.
Envoyer un manuscrit à l'orthographe irréprochable
"On a parlé à de nombreux éditeurs, et tous nous ont dit qu'énormément de manuscrits arrivent truffés de fautes d'orthographe et de grammaire", relève Baptiste Liger. Mais est-ce vraiment pénalisant ? Une maison d'édition peut-elle recaler un manuscrit à cause des fautes, surtout quand on sait que des géants comme Stendhal et Balzac ne brillaient pas nécessairement par leur orthographe irréprochable ? Dans la mesure où votre texte n'aura peut-être pas la puissance littéraire du Rouge et du Noir ou d'Eugénie Grandet, évitez de susciter l'ire de votre destinataire par de trop nombreuses fautes qui l'empêcheront de se concentrer sur le fond.
"Faire quelques coquilles ici et là n'est pas un problème", veut rassurer le directeur de la rédaction de Lire-Magazine littéraire. "Toutefois, ça peut aussi traduire un vrai problème de sens et de signification dans ce qu'on a à dire s'il y a énormément de fautes. Bien souvent, une simple relecture aurait permis d'éviter toutes ces coquilles qui peuvent se révéler rédhibitoires si elles sont vraiment trop nombreuses."
Choisissez la bonne maison d'édition, et faites le savoir !
Maintenant vous en êtes certain, votre texte est irréprochable. Vous pensez être en mesure de décrocher le prochain Goncourt, voire de laisser dans notre histoire littéraire une marque aussi profonde qu'À la Recherche du Temps perdu ou Madame Bovary. Qui sait ? Mais avant de mettre sous plis une vingtaine d'exemplaires de ce chef-d'œuvre inconnu pour arroser les principales maisons d'édition françaises, prenez le temps de trouver l'éditeur qui vous corresponde. Et qui, surtout, correspond à votre texte. On envoie un récit de science-fiction aux Forges de Vulcain plutôt que chez Robert Laffont, habitué à publier des biographies. D'autant que les maisons d'édition s'autorisent rarement à sortir plus de trois premiers romans par an. Autant viser juste.
"Il ne faut pas oublier d'accompagner son manuscrit de sa lettre de présentation", insiste Baptiste Liger. "Dire qui l'on est, présenter brièvement son parcours, son livre, mais aussi son rapport à l'écriture", énumère-t-il. Mais surtout, il faudra justifier votre démarche, à la manière d'une lettre de candidature pour un poste dans l'entreprise de vos rêves. "Pourquoi avoir choisi telle maison et pas telle autre ? Montrez que ça n'est ni une erreur ni un courrier envoyé comme ça, un petit peu au hasard", insiste Baptiste Liger.