Ce sont trois semaines de fermeture supplémentaire qui ne passent pas. En douchant les espoirs de réouverture des lieux culturels jeudi, le Premier ministre Jean Castex s'est attiré les foudres des exploitants des salles de cinémas, durement touchés par la crise économique du coronavirus. "J'ai un sentiment de rébellion", confirme au micro d'Europe 1 Aurélie Delâge, qui dirige le Mégarama de Garra, en Charente.
Alors qu'elle s'apprêtait à reprendre son activité au 15 décembre, comme annoncé en novembre par Emmanuel Macron, elle a appris en regardant sa télévision, comme tous les Français, que cela ne serait finalement pas le cas.
Des cinémas qui hésitent à rouvrir illégalement
Mais cette fois-ci, s'en est trop et la gérante réfléchit à braver la loi en accueillant "des spectateurs dans le respect des normes sanitaires, comme cela se faisait entre juin et octobre", avant le 7 janvier prochain. Une décision qui n'est pas uniquement économique : "les aides [gouvernementales] ne compensent pas l'absence de plaisir que l'on peut avoir quand on fonctionne normalement."
Une volonté qui semble assez répandue au sein des cinémas français, puisque la Fédération nationale envisage de son côté de déposer un recours pour rouvrir le plus tôt possible.
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Un mois de décembre très important pour la trésorerie du secteur
Reste que l'une des raisons de la grogne réside dans le fait que le mois de décembre est le plus important de l'année en termes de chiffre d'affaires pour les salles obscures. Une vérité qui vaut aussi pour les autres lieux contraints de rester fermés, puisque les théâtres réalisent la moitié de leur chiffre d'affaires sur les trois derniers mois de l'année et les musées voient leurs recettes bondir de 20% en décembre.
Dernier élément de la colère des cinémas français : le 7 janvier n'est en rien gage de réouverture. Comme l'a précisé le Premier ministre Jean Castex lors de sa conférence de presse, un nouveau point sera fait à cette date pour envisager une réouverture. Le 7 janvier peut donc très bien n'être qu'une étape de plus et non un horizon.
Pour tenter de calmer la grogne, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a indiqué qu'elle allait demander 35 millions d'euros d'aides supplémentaires qui viendraient s'ajouter, selon elle, aux 7,5 milliards d'euros concédés au secteur culturel depuis le printemps 2020. Le tout est de savoir si ces aides vont dissuader les gérants des salles obscures d'ouvrir.