Plus que quelques heures avant que le tapis rouge de Beverly Hills accueille les stars, dimanche soir, de la cérémonie des Golden Globes. Comme chaque année, les pronostics vont bon train, La forme de l'eau, de Guillermo del Toro et Pentagon Papers de Steven Spielberg faisant figure de favoris avec le plus grand nombre de nominations. Mais cette édition-là, qui survient alors que le tout Hollywood est encore sonné par l'affaire Weinstein, du nom du célèbre producteur accusé de harcèlement et agressions sexuels, voire de viol, par une centaine d'actrices et de collaboratrices, aura forcément une saveur particulière.
Atmosphère moins festive. L'atmosphère devrait être un peu moins festive que d'ordinaire à l'heure où toute l'industrie du divertissement est en pleine introspection. Depuis le début du scandale en octobre, une litanie de grands noms d'Hollywood, de l'acteur Kevin Spacey à Dustin Hoffman en passant les réalisateurs Brett Ratner et John Lasseter, ont également été accusés d'abus sexuels et sont brutalement tombés de leur piédestal. Beaucoup font l'objet de poursuites mais aucun d'eux n'a été arrêté.
Les stars seront en noir. "Ce déluge de comportements sexuels abusifs est l'histoire de l'année, donc on peut s'attendre à ce que ce soit le thème de la soirée aux Globes", a estimé Debra Birnbaum, rédactrice en chef pour la télévision au magazine spécialisé Variety. "Ça influencera tout, du discours d'introduction (du présentateur) Seth Meyers aux remerciements en passant par les tenues", a-t-elle ajouté, interrogée par l'AFP. De fait, par solidarité avec les victimes d'Harvey Weinstein et d'autres prédateurs sexuels, beaucoup d'acteurs et actrices devraient porter du noir sur le tapis rouge et laisser les paillettes au vestiaire. Jessica Chastain, Emma Stone ou encore Meryl Streep auraient ainsi décidé de marquer le coup.
Aucune réalisatrice nommée. Néanmoins, les féministes ont constaté que, malgré des années de polémique pour dénoncer le sexisme à Hollywood, aucune réalisatrice n'est sélectionnée pour le prix de la mise en scène. Cette année a pourtant été riche en succès critiques ou commerciaux réalisés par des femmes, comme Lady Bird, de Greta Gerwig, Wonder Woman, de Patty Jenkins, Mudbound de Dee Rees, Detroit de Kathryn Bigelow et Les proies de Sofia Coppola.
La nomination de Ridley Scott, qui a dû retourner des séquences entières de Tout l'argent du monde dans l'urgence à quelques semaines de la sortie du film, après le scandale sexuel ayant touché sa star Kevin Spacey, a été interprété comme un soutien aux victimes de crimes sexuels et du mouvement #MeToo.