La sortie de Captain Fantastic, ce mercredi 12 octobre en partenariat avec Europe 1, est l'occasion de revenir sur la brillante carrière de l'acteur Viggo Mortensen, mais aussi sur des aspects de sa vie moins médiatisés. A 57 ans, Viggo Mortensen incarne dans Captain Fantastic un père de famille qui élève seul ses enfants dans une forêt, moitié-philosophe, moitié-Robinson. Depuis le grand succès du Seigneur des Anneaux qui le rend populaire dès 2001, on pourrait croire que Viggo Mortensen vit luxueusement. Il n'en est rien selon le site Esquire, qui l'a suivi assez longtemps pour constater qu'il n'est pas très éloigné du personnage de Captain Fantastic. Il voyage beaucoup, s'isole et s'habille de vêtements ordinaires, ayant même gardé les baskets qu'il avait achetées au Danemark dix ans plus tôt.
Le globe-trotter fauché. Avant de connaitre la célébrité avec Le Seigneur des Anneaux, l'acteur américano-danois bourlingue dans le monde, passant d'un job alimentaire à un autre (routier, barman, docker, etc.). Ayant grandi jusqu'à ses 11 ans entre le Venezuela, l'Argentine et le Danemark, puis aux États-Unis, le jeune Viggo Mortensen ne s'installe pas très longtemps à Los Angeles. Même lorsqu'il lui vient enfin la vocation d'acteur et qu'elle se concrétise par de petits rôles. Peter Weir, Woody Allen, Sean Penn ou Brian de Palma l'emploient mais il n'occupe pas le devant de la scène. Ce n'est qu'en 2001, après près d'une trentaine de participations, qu'il décroche enfin un rôle à sa mesure. Commence alors la trilogie du Seigneur des Anneaux qui se terminera par Le retour du roi en 2003, où son charisme est indiscutable.
Le sacre du roi. Il s'en est fallu de peu pourtant pour que Viggo Mortensen ne soit jamais Aragorn. Originellement, c'est Stuart Townsend qui est pressenti pour le rôle. Viggo Mortensen n'est à cette époque pas particulièrement tenté pour incarner le roi de la trilogie, mais son fils de 11 ans le persuade. La grande visibilité apportée par Le Seigneur des Anneaux aurait pu pousser Viggo Mortensen à cachetonner à des tarifs de plus en plus élevés, dans des films toujours plus grand public. Il se tient au contraire depuis 2003 à une rigueur professionnelle rappelant les choix de carrière d'un Robert Redford. Les films dans lesquels Viggo Mortensen apparaît après la fin de la trilogie de Tolkien sont indépendants des studios hollywoodiens. Hidalgo en 2004 ou Capitaine Alatriste sont des films d'aventure "intimistes", où l'accent est mis sur les relations entre les personnages plutôt que sur des batailles épiques. En 2005 et 2007, Viggo Mortensen revient sous les feux de la rampe en collaborant deux fois de suite avec David Cronenberg pour A History of Violence et Les Promesses de l'ombre. Les deux films sont l'occasion pour l'acteur de livrer des performances très physiques et ajoutent une dimension ténébreuse à sa palette déjà très complète.
2x3. Viggo Mortensen collabore avec David Cronenberg une troisième fois en 2011 pour A Dangerous Method. Il y incarne un Freud maniaque contre un Jung obsédé (incarné par l'étoile montante de l'époque : Michael Fassebender). Malgré le trio qu'il forme avec Keira Knightley, le succès critique n'est pas au rendez-vous. Trois ans plus tard, il est a nouveau remarqué pour son interprétation subtile d'un faussaire en cavale dans The Two Faces of January, aux côtés de Kirsten Dunst et du jeune Oscar Isaac. Mis en scène par Hossein Amini, le scénariste de Drive, ce second triangle amoureux frappe davantage les esprits.
Une filmographie exigeante. Parmi les films moins connus de Viggo Mortensen, le sombre thriller post-apocalyptique La Route, l'âpre Loin des hommes ou le très onirique Jauja, attestent d'une volonté d'excellence quitte à l'éloigner de l'usine à rêves qu'est Hollywood. Parlant couramment espagnol et français, Viggo Mortensen a développé des talents de musicien, poète et peintre. Ces aspects méconnus de l'acteur sont abrités par la maison d'édition "Perceval Press", dont le site est aussi le relais de ses coups de cœur et coups de gueule. "Perceval" est le nom d'un chevalier des contes du Graal. Le seul à l'avoir jamais trouvé, mais aussi celui qui le laissa s'échapper pour n'avoir pas su transgresser les règles de politesse. C'est bien l'image qu'on garde de Viggo Mortensen, chevaleresque et distinguée.