Bernard Arnault veut devenir un citoyen belge, mais pas pour s'exiler fiscalement. Première fortune de France et d'Europe, quatrième fortune mondiale, le patron de l'empire du luxe LVMH a en effet entamé des démarches pour adopter la double nationalité, a indiqué samedi son service de communication.
Le président de la commission des naturalisations de la Chambre des représentants, Georges Dallemagne, interrogé par le quotidien La Libre Belgique, avait révélé un peu plus tôt que cette demande avait été reçue la semaine dernière. "Le dossier sera traité comme tous les autres. Il y en a 47.000 sur notre table", a-t-il souligné, expliquant que le code de la nationalité belge "prévoit qu’un candidat à la naturalisation doit avoir 18 ans accomplis, prouver trois ans de résidence en Belgique et, si ce n’est pas le cas, démontrer qu’il a des attaches véritables avec la Belgique".
M. Arnault "est et reste résident fiscal français"
La Libre Belgique rappelle que, même s'il réside à Paris, Bernard Arnault dispose d’un domicile à Bruxelles. Mais le quotidien s'interroge également sur de possibles raisons fiscales à sa démarche, au moment où le président français François Hollande a réaffirmé son intention de taxer à 75% les plus hauts revenus. "On peut se douter que la demande de Bernard Arnault suscitera une grande émotion en France alors que le gouvernement socialiste de François Hollande entend honorer sa promesse de campagne", écrit le journal belge.
Mais l'intéressé a formellement démenti dans un communiqué vouloir s'exiler fiscalement en Belgique, tout en confirmant voir "sollicité la double nationalité franco-belge" pour développer ses investissements dans le pays. "Contrairement aux informations publiées ce jour, M. Bernard Arnault précise qu'il est et reste résident fiscal français", précise le texte diffusé par la communication du milliardaire. "L'obtention éventuelle de la double nationalité franco-belge ne change rien à cette situation, ni à sa détermination de poursuivre le développement du groupe LVMH et les créations d'emplois qui en sont la conséquence en France", souligne le communiqué.
L'UMP en profite pour dénoncer le discours de Hollande
"M. Arnault, originaire du nord de la France, a de nombreux liens avec la Belgique tant sur le plan personnel et familial que sur le plan professionnel. Son groupe privé (Groupe Arnault) a de nombreux investissements en Belgique, et entend les développer. C'est dans cette perspective que Monsieur Bernard Arnault a sollicité la double nationalité franco-belge", conclut-il.
Certains fiscalistes ont évoqué la possibilité que Bernard Arnault souhaite devenir belge et se débarrasser de la nationalité française pour installer ensuite sa résidence fiscale à Monaco, une démarche impossible avec la nationalité française.
Premier à réagir samedi, le PCF a déjà dénoncé une "lâche trahison" du patron de LVMH et appelé à "mettre hors d'état de nuire les dirigeants irresponsables et cupides". L'UMP a, quant à elle, estimé que l'événement démontrait la nocivité de la politique de François Hollande. "A force d'avoir cet espèce de discours démagogique, on fait fuir des gens qui peuvent créer de l'emploi, de l'activité, de la consommation. Qui sème le vent récolte la fuite. Hollande pousse dehors tout le monde", a souligné le député UMP Laurent Wauquiez sur BFM TV.
"Le patron de l'une des plus belles entreprises au monde, qui symbolise le savoir-faire et la réussite français, connue dans le monde entier, pourrait être amené à changer de nationalité en raison de la politique fiscale qui est menée dans notre pays. Quand on prend des décisions stupides, on arrive à ces résultats effrayants", a renchéri l'ancien Premier ministre, François Fillon, samedi au Touquet, devant les Jeunes Pop'.
Proche de l'ancien président Nicolas Sarkozy et libéral revendiqué, Bernard Arnault possède une fortune estimée à 41 milliards de dollars par le magazine américain Forbes. Après la victoire de la gauche en 1981, il s'était exilé aux États-Unis pendant trois ans.