Les mauvais chiffres du chômage en mai ne vont pas arranger les choses. Avec la crise, de plus en plus de ménages sont en grande difficulté financière depuis trois ans. Le remboursement des crédits de consommation ou immobilier est devenu de plus en plus difficile, avec le risque réel de perdre sa maison ou son appartement. A moins d'obtenir une suspension de son crédit jusqu'à deux ans comme le permet la loi.
En vertu de l'article 313-12 du Code de la consommation, on peut demander "un délai de grâce au juge", explique sur Europe 1 Reine-Claude Madère, la présidente de l'association CLCV (Consommation, logement cadre de vie). "Le juge examine s'il s'agit d'un problème passager ou d'un problème structurel, et dans ce cas d'autres choses peuvent être envisagées, comme le rééchelonnement des prêts", précise-t-elle.
Un phénomène en nette hausse depuis un an
De plus en plus de Français sont donc conduits à demander une pause dans le remboursement de leur crédit. L'Association française des usagers des banques (Afub) reçoit une quarantaine de demandes d'aide chaque jour. Entre janvier et mai 2011, les Français ont déposé plus de 106.000 dossiers auprès de la commission de surendettement, soit 12 % de plus qu'il y a un an.
"En 2010, 15 documents étaient distribués chaque jour. Actuellement, nous sommes à 42 documents par jour. Nous avons triplé le nombre de demandes", a précisé lundi sur Europe 1 Serge Maître, le secrétaire général de l'Afub. Un chiffre qui n'a toutefois pas atteint les niveaux de 2008 : "il y avait 80 demandes de documents par jour", selon Serge Maître.
Le secrétaire général de l'Afub reproche toutefois que dans cette procédure il faille solliciter un juge. Même si la procédure est "rapide". Étant donné le nombre de demandes, "on pourrait espérer que les pouvoirs publics prennent les devants avec un mécanisme qui permettrait d’arriver au même résultat sans passer par la case justice.
Les chômeurs fortement touchés
Parmi ceux de plus en plus nombreux à demander une suspension de leur crédit, on trouve des chômeurs en fin de droits, mais aussi des gens qui viennent de perdre leur emploi comme Fréderic. A 35 ans, il est chômeur depuis mars pour la première fois et ses revenus ont diminué de moitié. Celui-ci a alors pris contact avec sa banque pour revoir les mensualités de son prêt. Mais sa banque a fait la sourde oreille.
"Je me suis entendu dire réduisez vos dépenses mensuelles de 500 euros. Quand vous avez 50% de votre salaire et qu’on vous demande en plus de réduire en plus vos dépenses mensuelles de 500 euros, on a envie de lui rire au nez". Frédéric a donc décidé de contacter l’Afub pour essayer de reporter les échéances à 24 mois, et ne pas payer les intérêts.
Les retraités également touchés
A Grenoble, Marie-Jeanne Aymerie travaille depuis plus de 15 ans sur le surendettement à l'association CLCV. Elle voit arriver sur son bureau une vingtaine de dossiers par semaine et a constaté que la situation s’aggrave. " Il y a de plus en plus de dossiers, on pourrait recevoir beaucoup de personnes si on répondait à toutes les sollicitations", a-t-elle confié à Europe 1. Pour celle-ci, si la situation s'est aggravée, c'est en raison du "chômage et surtout l’alternance des périodes de chômage, des petits CDD, des intérims, voire des CDI à temps partiel non volontaire".
Il n'y a pas que les chômeurs qui voient leur situation financière se dégrader, les retraités sont aussi de plus en plus nombreux à venir chercher de l'aide auprès des associations de consommateurs. "Les retraités des classes moyennes ont de grosses difficultés à faire face à leurs charges courantes et aux engagements qu’ils pouvaient assurer du temps de leurs activités", a également observé Marie Jeanne Aymerie.