Pour éviter les écueils de la Grèce, l’Irlande s’est lancée dans un vaste plan d’austérité. Mais ces deux pays pourraient ne pas être les seuls à solliciter l’aide de l’Union européenne : d’autres membres de l’union sont dans une situation économique et financière précaire.
"Si nous apportons maintenant la bonne réponse au problème irlandais, nous aurons de grandes chances d'éviter des effets de contagion", a espéré mardi Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances, confirmant ainsi les craintes pour d’autres pays européens. Les marchés et les agences de notation, qui maintiennent une forte pression sur les pays du continent, pourraient rapidement s’attaquer au Portugal, à l’Espagne et même à la France.
Le Portugal, prochain sur la liste ?
Les problèmes de dette de l'Irlande et du Portugal ont des origines différentes : l'Irlande a dû voler au secours de son secteur bancaire frappé de plein fouet par l'effondrement du marché immobilier tandis que le Portugal souffre d'une croissance faible et d'un manque de compétitivité.
Mais le résultat est le même : le Portugal est confronté à une dette que les marchés jugent difficile à supporter. "Je pense que cela veut dire que le Portugal sera le prochain (à demander une aide)", commente l'économiste portugais Filipe Garcia, de la société de consultants Informaçao de Mercados Financeiros à Porto.
"J'ignore si cela se produira avant la fin de l'année ou après, mais c'est presque inévitable, maintenant", poursuit-il. "Je pense que nous avons probablement franchi le point de bascule au niveau de ce qu'il est supportable de payer en taux d'intérêt de la dette."
L’Espagne s’inquiète
Si les marchés s'attaquent au Portugal, l'Espagne pourrait se retrouver rapidement en première ligne à son tour. "Si le Portugal est contraint de passer par un renflouement, ils (les marchés) porteront ensuite leur attention sur l'Espagne et j'ignore quelle sera la réaction du gouvernement", avance Pedro Schwartz, de l'université San Pablo à Madrid.
Le plan d’aide européen "devrait être favorable aux prises de risque", prédit Peter Chatwell, stratégiste au Crédit Agricole à Londres, avant d’ajouter : "Je ne pense pas que cela permette en aucune manière au Portugal ni peut-être à l'Espagne de sortir de la ligne de mire."
La France n’est pas "en bien meilleur état"
La France pourrait même à terme être visée à son tour, si l'on en croit l'économiste américain Nouriel Roubini : il a estimé vendredi que les finances publiques du pays n'étaient pas "en bien meilleur état" que celles de la Grèce ou de l'Irlande.