Des métiers verts sans main-d’œuvre ?

© Reuters
  • Copié
, modifié à
Valérie Létard présente jeudi un rapport sur la croissance verte et son impact sur l’emploi.

Si la croissance verte peut générer des milliers d’emplois, la main-d’œuvre pourrait avoir du mal à suivre. Le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), qui a publié lundi un rapport sur l’impact de la croissance verte sur le secteur de l’emploi, met en garde. "Il va falloir adapter les formations professionnelles aux nouvelles exigences et nouveaux métiers", générés par le tournant vert pris par la France, explique Marie-Claire Carrere-Gee, présidente du COE, à Europe1.fr.

"Une montée en charge des demandes de formation"

En effet, si les prévisions sur la prochaine décennie sont plutôt optimistes en matière d’impact sur l’emploi (600.000 pourraient être créés), les formations professionnelles vont devoir suivre la cadence. "On prévoit une montée en charge des demandes de formation", explique la présidente du COE, "mais aussi une modification des contenus de formation", ajoute-elle.
Des formations qui concernent aussi bien les grands groupes français que les petites PME. Les artisans du bâtiment seront particulièrement touchés. Nombre d’entre eux seront confrontés à une nécessité de remise à niveaux de leur compétences afin de remplir les exigences du Grenelle. "Il faut donc réfléchir à la manière dont ils auront accès à ces formations. On pense notamment au e-learning (apprentissage par Internet)", explique Marie-Claire-Gee, "mais il faudra aussi prévoir les remplacements des employés pendant qu’ils suivront ces formations".

Adapter les diplômes

Autre domaine impacté par l’évolution des compétences et par la création de nouveaux métiers, l’Education nationale. Là encore, le COE souligne la nécessité de modifier au plus vite les diplômes.
"Le but du rapport que nous avons publié est de sensibiliser tous les acteurs de la formation pour qu’ils s’adaptent. Et dans l’Education nationale, cela ne va pas assez vite", explique la présidente du COE. Le Conseil préconise, notamment, des procédures dérogatoires pour adapter les diplômes au plus vite.

Des emplois vert pâle

Mais au final peu de nouveaux métiers seront créés, souligne le COE et la plupart d’entre eux seront hautement qualifiés. Il s’agira de métiers d’analystes, d’ingénieur, de conseillers etc. Autre observation sur ces nouveaux "métiers verts", que présentera Valérie Létard jeudi, celle de France nature environnement (FNE). "Elle (Valérie Létard, ndlr) confond les emplois verts avec des emplois curatifs", dénonce Gaël Virvoulet du réseau FNE.
Selon l’administrateur de FNE une grande partie des emplois qui seront générés par la croissance verte seront destinés à « pallier les problèmes de pollution qui existent déjà.» De plus, la FNE souligne que beaucoup de ces emplois seront des emplois liés à la transition économique et donc à la pérennité limitée. "Il s’agit d’emplois vert pâle", ironise Gaël Virvoulet, "ce qu’il faudrait c’est développer des emplois destinés à informer et à pousser les gens à changer leurs habitudes et leurs comportements de tous les jours", afin de les inscrire dans une démarche de développement durable.