L'INFO. "Nous voulons devenir le Nespresso du vin", résume Cédric Segal, cofondateur de Fabulous Brands, interrogé par Le Figaro pour décrire la stratégie de sa start-up made in France. L'entreprise vient de lancer Winestar, une marque de vin commercialisée en… canettes. Vendues 2,50 euros l'unité, ces petites boites métalliques sont censées "démocratiser le vin", tout en proposant du haut de gamme. Pour Cédric Segal, malgré un marché prometteur, "il n'y a pas d'offre de qualité aujourd'hui en petits formats". Mais ce produit peut-il vraiment percer en France, où le vin n'est pas une boisson comme les autres ? Éléments de réponse.
La cible : les jeunes. Fabulous Brands veut notamment convertir la jeunesse au "sang de dieu". Davantage portés sur les sodas ou les alcools forts, l'entreprise espère désormais convaincre les jeunes de décapsuler du vin lors de leur pique-nique où dans les TGV. Car c'est là que Winestar veut frapper en priorité : la marque multiplie les contacts avec les entreprises de restauration collective et de plateau-repas, et souhaite conquérir les cantines, les trains et les avions. Mais pas que : déjà vendues sur internet, chez quelques cavistes, dans certaines boulangeries et dans quelques points de vente de restauration haut de gamme, les canettes feront bientôt leur apparition dans les magasins Carrefour City, selon Le Figaro.
Du Bordeaux dans une canette Kronenbourg ? La canette ne fait pas le moine : malgré un habillage de boisson très "fast food", Winestar veut se positionner dans le haut de gamme. Le vin sera uniquement du AOC. Dans un premier temps, il s'agira d'une première gamme de rouge, blanc et rosé issus du domaine Château de l'Ille, "élaborés depuis plus de trente ans par Pol Flandroy, un vigneron indépendant récompensé par plus de 200 médailles", comme le décrit La Dépêche du midi. Et la marque commercialisera, d'ici à la fin de l'année, "des vins de Bordeaux, de Bourgogne et de Côtes-du-Rhône", assure également Le Figaro. Pour les canettes, Fabulous Brands s'est payé les services du leader mondial du secteur : l'américain Ball, qui a déjà emballé des grands noms comme Coca-Cola, Pepsi ou Kronenbourg. La canette de Winestar, promet le groupe, sera totalement hermétique et inoxydable.
Pas plus qu'un "gadget". Le marché des canettes semble fertile. Winestar vise 1,3 million d'euros de chiffre d'affaires en France en 2013 et espère bien décupler ses ventes par la suite, notamment à l'international où le potentiel est énorme. En Allemagne, le marché des canettes de vin atteint même 60 millions d'unités vendues chaque année. "Mais en France, ça ne sera jamais un contenant dominant", estime Galatée Faiver, créatrice de la société de markéting I.D. Vin. "Dans des pays comme le Japon, cela peut marcher car le vin est moins dans la culture du pays. Et l'Allemagne est encore un cas particulier. De par leur histoire, les Allemands refusent de payer trop cher pour des produits alimentaires. Lidl, enseigne de hard discount, assure environ 30% de la distribution, même pour le vin. Lorsque Lidl vend du vin en canette, ça marche", décrypte la spécialiste.
D'après Galatée Faiver, "le vin français va surtout se diriger vers deux types de contenants : des bouteilles de verres encore plus haut de gamme et des contenants plus écologiques, type 'bagging box' (boîte en carton avec une poche plastique). Les canettes marcheront peut-être dans certains cas, pour les pique-niques où les TGV, mais cela reste un gadget, qui a, en outre, un petit goût de métal".