Cela devait être un grand moment d'annonce. Mais l'intervention de François Hollande dans le "Supplément" de Canal + dimanche a fait pschit ou presque. Les annonces du président n'en étaient pas toutes et sont restées dans le vague. D'où la nécessité lundi pour le gouvernement d'apporter des précisions. Ainsi, la prime d'activité pourra bien bénéficier aux étudiants et les apprentis mineurs devraient être payés par l'Etat. Mais en réalité, tout reste à décider puisque ces mesures, inscrites au projet de loi sur le travail, seront présentées mercredi par François Rebsamen et ensuite discutées à l'Assemblée nationale.
La prime ? Pour les étudiants qui travaillent "vraiment". François Hollande a confirmé dimanche l'élargissement aux 18-25 ans de la prime d'activité. Cette dernière fusionnera à partir de 2016 la prime pour l'emploi et le RSA-activité. Non seulement, l'annonce n'en est pas une, puisqu'elle avait déjà été communiquée en mars, mais en plus, le chef de l'Etat n'a pas précisé qui pourrait en bénéficier.
S'il ne fait pas de doute que les jeunes qui sont salariés la toucheront en-dessous d'un certain salaire, le président de la République n'a pas mentionné le cas des étudiants et des apprentis. Si pour ces derniers, le flou persiste, le ministre des Finances, Michel Sapin, a annoncé lundi que les étudiants qui travaillent "vraiment" y seront éligibles. Mais plus tôt dans la journée, Michel Sapin avait déclaré que la prime d'activité n'était pas destinée aux étudiants. De quoi entretenir le doute.
Reste maintenant à savoir ce que signifie ce "vraiment". Le ministre a juste avancé qu'il ne parlait pas de ceux ayant "un petit boulot pendant les vacances". Au-delà de cette précision, il restera donc à définir à partir de quel salaire ou de combien d'heures hebdomadaires un étudiant pourra prétendre à la prime.
Des apprentis payés par l'Etat. Alors que l'apprentissage est au plus mal en France, François Hollande a annoncé dimanche une aide pour les entreprises de moins de 20 salariés : elles ne paieront "plus rien" sur l'emploi d'apprentis mineurs. Sans préciser si ce "rien" concerne aussi le salaire ou uniquement les charges et les impôts.
Lundi, le ministère du Travail a fait le service après-vente en annonçant que les entreprises de moins de 11 salariés ne paieront "plus rien du tout" et que le salaire sera "pris en charge par l'Etat". Aucune précision cependant n'a été avancée sur la forme que prendre cette aide qui devrait bénéficier à 70.000 jeunes mineurs. Leur salaire s'élève de 25 à 53% du Smic, soit de 364 à 772 euros selon l'année d'apprentissage.
Aujourd'hui, les entreprises ne payent déjà quasiment plus de cotisations sur ces emplois et les TPE reçoivent même 2.000 euros de prime lors de l'embauche d'un apprenti. Des mesures prises par le gouvernement Hollande mais qui peinent à séduire. Alors que l'objectif de François Hollande était de 700.000 apprentis d'ici 2017, la France n'en comptait que 400.000 fin 2014.
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