Le directeur général de Renault, Patrick Pélata, admet finalement, dans un entretien au Figaro vendredi, qu'un "certain nombre d'éléments" amènent à "douter" d'une affaire d'espionnage au sein de son groupe.
"Soit nous sommes face à une affaire d'espionnage et un cadre de la direction de la sécurité protège sa source envers et contre tout. Soit Renault est victime d'une manipulation, dont on ignore la nature mais qui pourrait prendre la forme d'une escroquerie", précise-t-il.
L’affaire d’espionnage se dégonfle
Depuis mercredi, l'affaire Renault semble se dégonfler. A ce jour aucune trace d'espionnage ni de compte bancaire à l'étranger n'ont été découverts dans l'enquête sur ce retentissant dossier qui a éclaté en janvier. Une affaire qui avait mené au licenciement de trois cadres du groupe, accusés d’espionnage, et d’avoir, précisément, fait transiter de l’argent sur des comptes au Liechtenstein et en Suisse.
Jeudi, des sources proches de l’enquête menée par la DCRI - les services secrets - ont révélé que les numéros de compte recherchés au Liechtenstein n’existaient pas. De son côté, la Suisse a fait savoir oralement aux enquêteurs que les cadres n'avaient pas de comptes bancaires à leurs noms, mais les recherches ne sont pas encore finalisées, a-t-on appris de source judiciaire.
Les cadres réintégrés ?
"Quand l'enquête sera terminée, nous en tirerons toutes les conséquences jusqu'au niveau le plus haut de l'entreprise, c'est-à-dire jusqu'à moi. Carlos Ghosn, président de Renault et Nissan, décidera et s'exprimera lorsque l'enquête sera définitivement close et que le procureur en aura donné toutes les conclusions", promet Patrick Pélata.
Les cadres licenciés pourraient donc être réintégrés. "Si tous les doutes sont levés, nous proposerons la réintégration des trois cadres et, dans tous les cas, Renault sera très attentif à réparer toute injustice", a annoncé Patrick Pélata.
L’enquête continue
Le patron de la direction centrale du renseignement intérieur, Bernard Squarcini, a déclaré jeudi que "l'enquête pour espionnage industriel" au préjudice du constructeur automobile "se poursuivait".
De son côté, un ancien directeur marketing de Renault, Philippe Clogenson, a été entendu par la police jeudi. Licencié il y a deux ans dans des conditions extrêmement similaires à l’affaire en cours, il pense que Renault est "victime d’une machination". Un témoignage jugé "intéressant" par l’avocat de Renault, qui s’est exprimé jeudi sur Europe 1. "Il concourt à la vérité", a-t-il estimé.