L’INFO. Syndicats et direction de Goodyear vont pouvoir se rassoir à la table des négociations : les deux cadres séquestrés depuis lundi sur le site d'Amiens-Nord ont été libérés mardi en milieu d'après-midi. Les deux hommes, encadrés par la police, sont sortis dans une cohue indescriptible, aux cris de "Les voyous, c'est pas nous", scandés par les salariés.
Afin de maintenir la pression sur la direction, la CGT a annoncé dans la foulée que les employés allaient occuper le site. "On va négocier l'usine contre notre prime", a annoncé le leader du syndicat Mickaël Wamen, lors d'un point-presse improvisé.
Les Goodyear mécontents brûlent des pneus agricoles (10.000 euros pièce); les deux cadres séquestrés sont sortis #AFPpic.twitter.com/LDAWN8AnPS— Juliette Montesse (@JulietteM) 7 Janvier 2014
30 heures de séquestration. Le directeur de production de l'usine, Michel Dheilly, et le directeur des ressources humaines, Bernard Glesser étaient retenus depuis lundi dans une ambiance calme mais tendue, dans une salle de réunion à la porte bloquée par un imposant pneu agraire. “On avait le confort ‘sac de couchage’ à disposition, mais l’ambiance ne permettait pas de se reposer dans la pièce. Il y a toujours de la tension et elle pourrait monter d’un cran la fatigue aidant”, a confié Michel Dheilly au micro d’Europe 1.
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La CGT avait rendez-vous lundi matin avec le directeur, mais "toute l'équipe de week-end", soit 200 salariés, est venue "pour essayer de mettre la pression sur la direction", a rapporté Franck Jurek, secrétaire adjoint (CGT) du comité d'entreprise d'Amiens-Nord. “On nous dit que le gouvernement veut faire de la politique de l’emploi sa priorité, ce sont des mensonges. On s’est foutu de notre gueule. Si il faut faire comme 250 bretons et casser un peu à gauche et à droite pour être écouté, on va le faire”, s’était de son côté énervé Mickaël Warmen, le représentant CGT sur place.
Les raisons du bras-de-fer. Les employés du groupe de pneumatique luttent contre la fermeture du site d'Amiens-Nord et les 1.173 suppressions de postes qu'elle risque d'entraîner. Employés et syndicalistes espèrent notamment renégocier pour obtenir une nouvelle étude afin de trouver un repreneur. Début novembre, la direction de Goodyear avait clos la procédure d'information des représentants du personnel de l'usine en vue de sa fermeture, annoncée le 31 janvier 2013. Si cela venait à ne pas marcher, ils espèrent un nouveau plan de départs volontaires “pour tout le monde avec énormément de fric", a lancé Franck Jurek. Les employés espèrent notamment 100.000 euros par employé, alors qu'il leur a été proposé 1.500 euros par année d'ancienneté.
Mais les négociations ne permettant pas de concilier les points de vue de la direction et des employés, les syndicats ont décidé de faire monter la pression lundi : ils ont retenus lundi deux cadres du site. La direction n'a pas tardé à réagir, dépêchant sur place un huissier pour s'assurer que les cadres retenus étaient bien traités.
Le coup de gueule de Titan. Maurice Taylor, le patron américain de Titan, l’entreprise toujours censée être un candidat à une reprise partielle de l'usine Goodyear, n’a pas caché sa colère au micro d’Europe 1. "Aux Etats-Unis, on appellerait ça un kidnapping. Ces gens seraient arrêtés et poursuivis. C’est un crime très sérieux, vous risquez la prison à vie. Mais en France, votre gouvernement ne fait rien, ça paraît fou", s’est-il indigné.
"Selon la loi française, si Goodyear abandonne son plan et que quelqu’un veut racheter l’usine, il sera obligé de réembaucher tous ces gens, c’est complètement stupide", s’est encore agacé Maurice Taylor, coutumier des réactions enflammées. "Je suis désolé pour Goodyear, mais je pense qu’ils n’investiront plus un sou à l’avenir", a-t-il conclu.
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Montebourg invite les deux parties à négocier. "J'appelle Goodyear et la CGT, et les salariés, à se
concilier et à trouver enfin le chemin de la reprise de cette usine, elle sera partielle mais elle aura sauvé un outil industriel auquel nous tenons", a commenté le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée.
"Les conditions qui ont été posées par le repreneur sont que le conflit soit enfin soldé, ce qui n'est toujours pas le cas", a-t-il ajouté, visiblement énervé parle coup de force de la CGT. D'autant que cette dernière avait refusé un premier plan de reprise en 2012. Or, depuis, les nouvelles offres ne cessent d'être revues à la baisse, alimentant la colère des employés.
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