Le gouvernement a promis une réforme fiscale en 2011. Nicolas Sarkozy ne cesse d’invoquer le modèle allemand, la ministre de l'Economie Christine Lagarde promet de rapprocher le modèle français de son homologue allemand. Mais à quoi ressemble le modèle fiscal allemand ? Europe1.fr vous en présente les grandes lignes.
L’impôt déjà déduit du salaire. En Allemagne, la crainte de la feuille d’imposition annuelle n’existe pas. “Il y a une différence énorme, c’est la manière de récolter l’impôt qui passe par le prélèvement à la source“, décrypte Kurt Schlotthauer, pdg de la COFFRA, un organisme qui aide les entreprises allemandes à s’installer en France.
L’impôt sur le revenu est mis de côté chaque mois par l’employeur, qui le collecte pour l’Etat. Kurt Schlotthauer précise : “A la fin de l’année, l’employé fait une déclaration pour préciser les possibles déductions dont il bénéficie“, et peut alors recevoir un chèque du Trésor public.
Plus de gens payent des impôts. La majorité des Français ne payent pas d’impôts. En Allemagne, seule une minorité en est exempte : dès qu’un Allemand gagne plus de 8.000 euros par an (environ 670 euros par mois), il est imposable. L’assiette des foyers imposables est donc bien plus large, mais les salaires y sont aussi plus élevés, tout comme les inégalités.
L’impôt sur le revenu est plus élevé. “En France, le taux d’imposition commence à 5%, il commence à 14% en Allemagne. Le taux maximum y est de 45%, contre 40% en France“, précise le PDG de la COFFRA. Mais l’invention de la CRDS permet de compenser cette différence entre les taux d’imposition français et allemand.
L’ISF allemand a disparu. “L’ISF a été aboli en Allemagne il y a10 ans, les donations sur les successions sont aussi beaucoup moins taxés. Quand quelqu’un a payé ses impôts, il garde son patrimoine“, explique Kurt Schlotthauer.
Le bouclier fiscal n’a jamais existé. Contrairement à ce qu’affirme Nicolas Sarkozy, nos voisins n’ont jamais mis en place de bouclier fiscal. Des contribuables payant 59% d’impôts avaient bien saisi la justice, jugeant leur taux d’impôt confiscatoire, mais ils n’ont finalement pas obtenu gain de cause.
La TVA a bondi, freinant la consommation. “La TVA a longtemps été inférieure à celle de la France, aux alentours de 16%, avant de passer à 19% en 2008“, un niveau comparable à la France, détaille Kurt Schlotthauer. Cette hausse de la TVA est qualifiée de “sociale“ car l’argent encaissé sert à réduire les déficits publics et les cotisations.
Résultat, la consommation allemande patine et n’alimente pas la croissance, portée par les seules exportations. A contrario, la croissance française repose beaucoup sur la consommation intérieure.
Pas de baisse des impôts en vue. Pressé par ses alliés libéraux d’abaisser les impôts, la chancelière Angela Merkel a clairement refusé. “Il n’y aura pas de baisse avant pas mal d’années, les Allemands veulent avant tout diminuer le déficit. Une limite de déficits annuels a même été inscrite dans la Constitution“, avance le PDG de la COFFRA.