Confrontée à une profonde crise de son secteur bancaire, l’Irlande doit rapidement réaliser d’importantes économies. Le gouvernement a dévoilé mercredi un plan d'austérité de 15 milliards d'euros, étalé sur quatre ans, afin de combler un déficit public record l'ayant contraint à solliciter l'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international.
L’Irlande doit non seulement se mettre à la diète pour recevoir de l’aide, mais aussi pour ne pas voir sa note dévaluée par les agences de notations et éviter ainsi un “scénario à la grecque“, lorsque plus personne ne voulait prêter d’argent à la péninsule hellénique.
Moins de prestations sociales, plus de taxes
Le plan d'austérité doit combiner 10 milliards d'euros de réduction de dépenses et cinq milliards d'euros de recettes supplémentaires d'ici 2015. Près de 40% du plan, soit 6 milliards d'euros, doivent être réalisés dès l'année prochaine.
Parmi les économies prévues, les dépenses sociales baisseront de 2,8 milliards d'euros d'ici à 2014. Parallèlement, 24.750 emplois publics seront supprimés, pour revenir au niveau de 2005. En outre, le salaire horaire minimum sera abaissé de 8,65 à 7,65 euros. Du côté des revenus supplémentaires, le taux de TVA doit augmenter de 21% à 22% en 2013, puis à 23% en 2014.
Les entreprises épargnées
Le gouvernement ne compte pas en revanche toucher à l'impôt sur les sociétés, fixé à 12,5%, l'un des plus bas d'Europe, qu'il juge nécessaire à la future croissance économique mais qui irrite ses partenaires européens.
L'ancien "Tigre celtique" espère ainsi sortir rapidement d’une crise qui l'a gravement touché : le pays a déjà subi depuis deux ans des coupes budgétaires, un effondrement des prix de l'immobilier, une récession record et une hausse brutale du chômage passé de 4% à 14% de la population active.
Un budget 2011 au cordeau
Outre ce plan d’économies massif, le gouvernement doit aussi préparer un projet de budget très strict pour l’année 2011.Car l'équipe actuelle ne sera probablement pas celle qui le mettra en oeuvre. La crise économique a en effet débouché sur une crise politique, qui a contraint le Premier minister Brian Cowen à annoncer lundi la convocation d'élections anticipées en janvier 2011.
Les observateurs scrutent donc les réactions des principales formations politiques. Le Fine Gael, principale formation d'opposition, est jusqu'à présent resté évasif. Son refus de voter le prochain budget pourrait alors bloquer le versement de l’aide d’urgence européenne.