L’apprentissage recule. Après des années de hausse, le nombre de contrats d’apprentissage a baissé en France en 2013 : 273.000 nouveaux contrats d’apprentissage ont été conclus, contre près de 300.000 en 2012, soit une baisse de 8%. C’est une mauvaise nouvelle pour le gouvernement, qui souhaite développer ce type formation, mais aussi la conséquence de ses choix politiques : en voulant mettre le paquet sur les emplois d’avenir, l’Etat a fragilisé l’apprentissage.
Victime des contrats d’avenir. La crise économique n’est pas pour rien dans ce recul de l’apprentissage en 2013, les entreprises hésitant à s’engager sur le moyen terme. Mais un autre facteur a joué un rôle décisif : la décision du gouvernement de réduire les aides publiques liées à l’apprentissage… pour financer les emplois d’avenir, une forme "d'emploi jeune" réservée aux administrations et au secteur associatif. Résultat, l’apprentissage a vu son enveloppe budgétaire réduite de 500 millions d’euros, soit une baisse de 20%.
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Le mauvais calcul du gouvernement. Dans son Zoom Eco, Axel de Tarlé qualifie ce choix d’erreur à plus d’un titre : d’abord parce que la priorité accordée aux emplois d’avenir n’a pas permis d’inverser la courbe du chômage. Ensuite parce que cette politique est très coûteuse : les emplois d’avenir coûtent plus cher, 1,3 milliard d’euros. De plus, les emplois d’avenir ont gonflé les effectifs des collectivités territoriales et du secteur associatif alors même que le gouvernement martèle qu’il faut faire des économies.
En outre, Axel de Tarlé qualifie ces emplois d’avenir "d’impasse" : il s’agit de contrats à durée déterminée qui, selon certaines études, réduisent l’employabilité des bénéficiaires. En clair, un contrat d’avenir est tout sauf un atout sur un CV, alors qu’un contrat d’apprentissage permet d’apprendre un métier, de décrocher un diplôme et d’augmenter ses chances d’être employé : 70% des apprentis sont embauchés dans l’entreprise qui les a formés.
Et Axel de Tarlé de faire le parallèle avec l’Allemagne, où les apprentis sont trois fois plus nombreux. Et où cette formation offre de nombreux débouchés, à l'image de Gerard Schröder, qui a commencé comme apprenti "vendeur" avant de devenir chancelier :
Le gouvernement conteste ces chiffres. Au total, le nombre de contrats en apprentissage a reculé de 8% entre 2012 et 2013, selon les chiffres du Figaro. Un chiffre que conteste le gouvernement, même s’il confirme que la tendance est à la baisse. "Aujourd'hui, il y a 2% de personnes en apprentissage en moins par rapport à l'année dernière. C'est trop 2% mais ça n'est que 2%. Donc il faut arrêter de dire que ça s'est écroulé", a réagi le ministre du Travail Michel Sapin, mardi sur Public Sénat. Qu'on parle du nombre total d'apprentis ou du nombre de nouveaux contrats signés, le recul est une certitude.
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