Faut-il adopter des mesures pour relancer la croissance en Europe ? Pour Christine Lagarde, la question ne se pose pas. Et pour cause : à ses yeux, les Européens ont à peine goûté à la rigueur. "Ce grand débat sur l’austérité contre la croissance n’est pas d’actualité en 2014", a déclaré la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), lundi matin sur Radio classique. Quelques heures plus tôt, elle martelait le même message dans les colonnes du quotidien économique Les Echos : "il n’y a pas d’austérité excessive dans la zone euro".
Une austérité insuffisante. "La politique que vous appelez d’austérité, que nous nous appelons de consolidation budgétaire, elle est aujourd’hui extrêmement modeste en zone euro. Donc ce grand débat sur l’austérité contre la croissance n’est pas d’actualité en 2014. Aujourd’hui, en zone euro, l’austérité est de 0,3% du PIB de la zone euro", a souligné Christine Lagarde sur Radio classique.
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Réformes structurelles et réduction des déficits doivent continuer. "Il faut garder le cap de la réduction des dépenses publiques", en conclut la patronne du FMI dans Les Echos. "Quand j'apprends que la France envisage d'avancer par voie d'ordonnance pour aller plus vite, je m'en réjouis. Tout ce qui est de nature à accélérer la mise en œuvre de vraies réformes de fond va dans la bonne direction", ajoute-t-elle, appelant le gouvernement à "passer des paroles aux actes".
Car Christine Lagarde estime que de nombreux pays européens crient avant même d’avoir mal : "pour la politique de réformes structurelles, je crois que ce qui est indispensable c’est vraiment de mettre en œuvre, de donner des résultats, et pas seulement se contenter d’en parler", a-t-elle poursuivi sur Radio Classique.
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L’inflation n’est pas une excuse à ses yeux. Après avoir obtenu un premier délai pour atteindre ses objectifs en termes de réduction des déficits, la France a laissé entendre qu’elle allait encore demander un nouveau sursis, en invoquant cette fois l’inflation qui efface presque tous ses efforts. Mais "même si l'inflation est plus faible que prévu, elle ne peut pas être utilisée comme un paravent pour reporter les efforts nécessaires sur la dépense", réplique Christine Lagarde.
Sa priorité : déréglementer le marché du travail. La directrice du FMI veut donc poursuivre les réformes, avec une priorité identifiée : le marché du travail. "Il faut avant tout s’attaquer au carcan de la réglementation du travail – et je ne vise là pas seulement la France mais l’ensemble de la zone euro", souligne-t-elle dans Les Echos. Autant dire que le projet de loi sur "la croissance et le pouvoir d’achat", concocté par Arnaud Montebourg et repris par Emmanuel Macron, est attendu. Il doit notamment s’attaquer aux professions réglementées.