Si vous vous êtes rendus récemment aux États-Unis, vous l’avez sans doute remarqué : l’euro n’a jamais été aussi bas depuis deux ans. Il a perdu 8,6% de sa valeur depuis le début de l’année et s’échange désormais contre 1,25 dollar. Cette baisse était attendue depuis longtemps par les entreprises qui voyaient dans un euro fort un frein à leur commerce extérieur.
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Les patrons unanimes. Les chefs d’entreprise joints par Europe 1 s’accordent à dire qu’un euro plus faible facilite les exportations. Le patron d’un groupe industriel avance même qu'il réalise un million de chiffre d’affaires en plus si l’euro perd ne serait-ce qu’un centime.
Pour les patrons, un euro faible est même est jugé plus fructueux que l’ensemble des mesures qu’a pris le gouvernement en faveur des entreprises, et notamment le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Il faudra cependant attendre la fin du deuxième semestre 2014 pour récolter les fruits d’un euro faible.
"Ça fait se déclencher des décisions d’achat". Pichon, fabriquant d’épandeurs à lisier à Brest, exporte dans 45 pays dont une trentaine situés hors zone euro. Pour Philippe Pichon, directeur export, l’euro faible est un "effet d’aubaine". "10% de baisse de l’euro sur 50.000 euros, ça fait se déclencher des décisions d’achats. L’export tire beaucoup la société actuellement. Sur notre dernier exercice, nous avons un tiers de notre chiffre à l’export et cette année, nous serons à 40%", se félicite-t-il.
Et pour les commerciaux-exports de l'entreprise Pichon, l’euro faible est un argument de poids, explique à Europe 1 Jean-Paul Dufau, le directeur financier : "En Grande-Bretagne, notre commercial fait la tournée des concessionnaires en disant ‘regardez l’évolution de la livre et passez des commandes rapidement’. Sur une tonne à lisier à 75.000 euros, rapidement, on va avoir un gain de 5.000 à 7.000 euros".
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Aussi pour ceux qui fabriquent à l’étranger. Si la nouvelle réjouit les entreprises françaises fabriquant en France, celles basées à l’étranger se frottent aussi les mains. Essilor, leader mondial des verres correcteurs qui réalise 40% de son activité aux Etats-Unis, est ainsi gagnant quand il convertit en euros ses profits américains.
Plus d’exportations, plus d’emplois ? Logiquement, si l’euro poursuit sa baisse, l’emploi pourrait en profiter tout comme la croissance. Un euro moins fort rend en effet les marchandises françaises moins chères pour des acheteurs étrangers, donc plus attractives. Pour faire simple, les entreprises françaises qui exportent plus, vendent plus, donc produisent plus, ce qui peut entraîner de nouvelles embauches.
Et même si l’euro stoppait sa baisse et restait à son niveau actuel, les effets seraient positifs : 0,2% en plus pour le PIB de la France en 2015.