Les exportations françaises de produits agro-alimentaires n’ont plus autant la cote. Ce qui est d’autant plus inquiétant, car elles sont synonymes de la puissance agricole d’un pays. En une décennie, la France est passée de la première à la troisième place en Europe, selon les informations d’Europe 1. L’Hexagone a été dépassé par l’Allemagne en 2007. Et l’agriculture française trône aujourd’hui derrière ses voisines d’Outre-Rhin et hollandaise.
Le constat est d’autant plus flagrant à l’approche de la frontière franco-allemande. Pour les maraîchers ou les exploitants porcins, c’est aujourd’hui compliqué de travailler. C’est le cas notamment d’un producteur de fruits et légumes de Sélestat dans le Bas-Rhin, Denis Digel. Il est "impossible de faire des légumes en bottes, à cause de la proximité allemande", explique-t-il à Europe 1.
"On pensait toujours qu’on ne pouvait pas délocaliser le fruit et le légume. C’est faux" :
D’autant que les agriculteurs allemands n’hésitent pas à venir exploiter les terres françaises. "Ils viennent jusqu’à chez nous nous piquer nos terres pour planter des fraises qu’ils vendront à nos consommateurs", déplore Denis Digel. Impuissants face à la suprématie allemande, les agriculteurs demandent des solutions au gouvernement.
La force de l’Allemagne : la réunification
Cette progression allemande serait due à la réunification du pays. Pour Jean Michel Lemétayer, l’ancien président de la FNSEA (le premier syndicat agricole français), c'est à partir de cette période-là que tout a changé. "L’Allemagne, avec la réunification est devenue une très grande puissance agricole et agro-alimentaire", grâce à l’expérience de l’ancienne Allemagne de l’Est, qui "était une puissance agricole avec de très grandes exploitations", a-t-il expliqué au micro d’Europe 1.
Mais l’importance de ces territoires agricoles n’est pas le seul élément qui a permis à l’Allemagne de devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Pour Jean-Michel Lemétayer, c’est aussi dû à sa "politique de l’emploi et de main d’œuvre", meilleur marché qu’en France. Pour exemple, dans les abattoirs, le coût horaire est de 7 euros Outre-Rhin, quand en France, il est de 20 euros.