La France compte 30.000 enfants SDF

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Noémi Marois, Carole Ferry avec AFP , modifié à
LOGEMENT - Près de 10 millions de personnes sont en situation de fragilité par rapport au logement, estime la fondation Abbé Pierre dans son dernier rapport.

C'est un constat très inquiétant que dresse le 20e rapport de la fondation Abbé Pierre rendu public mardi. La crise économique et une politique du logement inadéquate laisse de plus en plus de gens dans la rue. Alors que 10 millions de personnes sont en situation de fragilité par rapport à leur logement, le nombre de SDF, lui, a doublé ces dix dernières années.

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Les sans domicile et les mal logés. En 2012, on comptait en France 111.500 adultes et 30.000 enfants sans domicile fixe, soit 50% en plus par rapport à 2002. La Fondation Abbé Pierre note que les profils des SDF se diversifient avec de plus en plus de familles, de jeunes, de demandeurs d'asile et de malades psychiatriques. 

Sur les 10 millions de personnes en situation de fragilité par rapport à leur logement, 3,5 millions sont considérés comme des mal-logés. Ce sont les personnes qui logent en chambres d'hôtels, en camping, dans des logements insalubres ou dans des abris de fortune. 

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Pauvreté+coûts élevés du logement. Pour Christophe Robert, la précarité du logement est le fruit de la conjoncture : "En même temps que le chômage augmente, que le nombre de travailleurs pauvres augmente, que le recours aux minimas sociaux se développe et que parallèlement, tous les coûts du logement explosent en terme de  loyer, de charges, il ne faut pas s'étonner qu'il y ait un paquet de monde au portillon", a-t-il argumenté mardi matin sur Europe 1.

De plus, "la mobilité ne se fait plus, les gens ont du mal à sortir des dispositifs d'aide", explique Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation. 

"Le 115, c'est le faux espoir". Alors que 1,8 million de ménages sont en attente d'un logement social, seulement 450.000 sont attribués par an. De plus, 355.000 demandes d'hébergement d'urgence pour SDF ont été formulées durant l'hiver 2013-2014 selon le baromètre du 115, mais seulement 140.000 places ont été dégagées. Les familles, elles, sont hébergées à l'hôtel mais se retrouvent de plus en plus souvent à la rue, pointe encore le rapport. Le dispositif coûte en effet trop cher et se trouve en saturation. 

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Marwin, SDF interrogé par Europe 1, est déçu quand il appelle le 115. En tant que célibataire, il n'est pas prioritaire : "On te donne de l'espoir en te disant toujours 'rappelle moi à 20h30, puis à 22h30'". "Tu penses que ça va marcher mais malheureusement, ça ne marche pas", déplore-t-il. Il doit alors "retourner à la case départ, chercher une place pour dormir dans la rue", souvent dans le métro, une cabine téléphonique ou un parking. Le 115 pour lui, "c'est le faux espoir". 

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Des dispositifs d'aides débordés. "Les dispositifs censés aider les gens en difficulté de logement sont complètement débordés", explique encore Christophe Robert sur Europe 1. "Alors on gère la pénurie, on définie des catégories de prioritaires parmi les prioritaires et il reste un paquet de monde sur le bord du chemin", déplore-t-il. 

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L'État impuissant ? "Le logement, ça a un impact sur la santé, la scolarisation des enfants, sur l'emploi, la vie sociale", analyse Christophe Robert. "Si on part de ce principe là, on met le paquet et on se dit que c'est la priorité des priorités avec l'emploi", avance-t-il. 

"Construire massivement du logement à bas-coûts" et "favoriser l'accession sociale à la propriété", voilà les deux mesures à prendre en urgence selon Christophe Robert.

En réponse, le gouvernement lance mardi "un plan triennal de réduction des nuitées hôtelières", "remplacées par des solutions plus pérennes", a précisé l'entourage de la ministre du Logement Sylvia Pinel.

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