Instagram, ses filtres esthétiques, et désormais, ses publicités. A partir de lundi, le réseau social de photographie ouvre ses portes aux annonceurs, jusque là absents de son interface. Lorsqu'ils posteront les clichés de leur week-end ou de leur dernier repas, les 300 millions d'utilisateurs d'Instagram verront donc s'afficher aux côtés de leur photo des réclames ventant les bienfaits de Lacoste, Air France, Guerlain, Yves Saint-Laurent ou encore Coca-Cola et Séphora. Toutes ces marques ont en effet d'ores et déjà annoncé qu'elles figureraient sur la version française du réseau social.
L'ouverture à la publicité, un mouvement de fond. La France devient donc le premier pays non anglo-saxon où Instagram ouvre sa plate-forme à la publicité : les Etats-Unis avaient initié le mouvement en novembre 2013, suivis par le Royaume-Uni en septembre dernier, l'Australie en octobre et le Canada en novembre. Depuis sa création en 2010, Instagram, désormais propriété de Facebook, rechignait à ouvrir son réseau à la publicité. Et pour cause, ses fondateurs craignaient que la communauté d'utilisateurs se désinscrive si les albums photos se trouvaient "pollués" par des publicités.
Comment Instagram gagnait-il de l'argent auparavant ? Comme Facebook ou Twitter, la rentabilité économique d'Instagram reposait jusqu'alors sur la collecte de données personnelles des utilisateurs. En décembre 2012, le réseau social avait mis à jour sa politique de confidentialité. En s'inscrivant, un "Instagrameur" s'engage dès lors à ce "qu'une entreprise puisse payer pour avoir accès à son nom d'utilisateur, aux photos "likées" et aux photos publiées sauf mention contraire". Une mine d'or pour les entreprises qui peuvent, sur la base de ces données, cibler leur publicité et rationnaliser leurs campagnes de communication.
Mais ces nouvelles conditions d'utilisation instaurées par Instagram n'avaient pas plu à la communauté des utilisateurs, qui s'étaient désinscrits en masse du réseau. A tel point que Kevin Systrom, le PDG de la start-up, avait du monter au créneau, comme le rapporte France Info. "Pas question de vendre vos photos", avait tenté de rassurer le fondateur d'Instagram, qui précisait alors néanmoins que ce changement revenait à "expérimenter des méthodes publicitaires innovantes".
A quoi ressemblera une pub sur Instagram ? A l'instar des autres réseaux sociaux, Instagram laisse donc entrer de plain-pied la publicité sur sa plate-forme. Les marques pouvaient déjà être présentes auparavant, mais il leur fallait ouvrir un compte, leurs photos étant visibles de leurs seuls abonnés. Avec le nouveau système, en payant un forfait à Instagram, les marques peuvent atteindre un certain nombre d'utilisateurs en France en fonction de leur sexe et de leur âge, deux facteurs déterminant la cible de consommateurs et donc leur pouvoir d'achat. Ces contenus sponsorisés apparaîtront que vous soyez abonnés ou non aux comptes des marques. Un système mis en place pour exploiter à fond le potentiel d'Instagram. Et monétiser un peu plus la présence de 4 millions d'utilisateurs du réseau social en France.
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