L'échec. On ne verra donc pas de Rafale dans la flotte brésilienne. Le ministre brésilien de la Défense, Celso Amorim, a en effet confirmé mercredi que son gouvernement lui avait préfère l'avion de chasse Gripen NG, du Suédois Saab. Pas moins de 36 avions étaient en jeu, pour un montant de plusieurs milliards d'euros. Une semaine après la visite de François Hollande au Brésil et dix ans après le début des discussions, cette défection signe une nouvelle défaite cuisante pour l'armateur Français Dassault. Le bilan est simple : en 20 ans d'existence de l'appareil, le groupe tricolore n'a toujours pas concrétisé une seule vente hors de France.
Trop cher pour le Brésil, Dassault "regrette". En septembre 2009, Nicolas Sarkozy, alors président, avait pourtant assuré que la vente était pliée, et qu'elle serait finalisée en décembre de la même année. Mais restriction budgétaire oblige, la vente a été repoussée. Depuis, la nouvelle chef d’État brésilienne, Dilma Rousseff, n'a cessé de reporter la transaction, laissant entendre que le Rafale était bien trop cher. Le contrat passé avec Saab, armateur le moins cher en lice, s'élèverait en effet à environ trois milliards d'euros, contre quatre pour le Français, selon certaines estimations.
Selon la presse locale, le Suédois avait également la préférence des militaires brésiliens. "Nous regrettons que le choix se porte sur le Gripen, doté de nombreux équipements d'origine tierce, notamment américaine, qui n'appartient pas à la même catégorie que le Rafale: monomoteur et plus léger, le Gripen n'est pas équivalent en termes de performances et donc de prix", a pour sa part commenté Dassault dans un communiqué publié mercredi soir. Les révélations de Wikileaks sur l’espionnage de la présidence brésilienne par l’Agence nationale de sécurité (NSA) américaine avaient déjà mis hors de course l'Américain Boeing, pourtant un temps favori.
Plus de 20 ans d'insuccès. La signature de ce contrat aurait représenté le premier succès de Dassault, qui tente d'exporter son avion depuis les années 1980. Après avoir essuyé deux gros échecs dans les années 2000 (Pays-Bas et Corée du Sud), l'industriel voit encore aujourd'hui plusieurs pays repousser indéfiniment leur décision : les Émirats Arabes Unis, la Malaisie et le Canada. Un contrat en Inde, dont les négociations sont bien parties, assure Dassault, est actuellement en discussion pour un montant de 13 milliards d'euros.