Les salariés de LaSer Cofinoga ont entamé lundi un bras de fer avec leur direction. 90% d’entre eux sont en grève pour dénoncer l'absence de propositions de reclassement pour les 433 postes supprimés au sein de la société de crédit à la consommation. Et le mouvement a été reconduit pour la journée de mardi.
L’intersyndicale rappelle dans un communiqué que ses "revendications reposent sur un préalable : aucun licenciement sec, l'ouverture de postes de reclassement en tenant compte du bassin de vie des salariés et la réindustrialisation du site de Mérignac".
"On attend des solutions de reclassement locales"
Employé depuis 14 ans sur le site de Mérignac de Cofinoga, Jérôme a rejoint le mouvement des grévistes. "On attend des solutions de reclassement locales", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Il faudrait s'expatrier pour gagner 1.100 euros ailleurs", déplore-t-il. "D'autant que les actionnaires sont bénéficiaires. D'un côté, on va nous distribuer un intéressement, de l'autre on nous fout à la porte", regrette ce salarié.
Fin janvier, la direction de LaSer Cofinoga, société détenue à parts égales par BNP-Paribas et Les Galeries Lafayette, avait justifié ces suppressions de poste par "une situation de crise économique sans précédent" et "des évolutions législatives" défavorables au crédit à la consommation.
Mais, à Mérignac, ces arguments ne passent pas. "C’est profondément choquant qu’aujourd’hui BNP-Paribas fasse 6 milliards d’euros de bénéfices et en arrive à supprimer des emplois", s’insurge au micro d’Europe1 Fabrice Busiris, secrétaire fédéral de Force Ouvrière Banque.
Des promesses non tenues
Fin février, le préfet d'Aquitaine, Patrick Stéfanini, avait annoncé à l'issue d'une réunion avec des représentants des salariés et de la direction que le "total des possibilités de reclassement représentait 230 à 250 postes, soit au sein de l'entreprise, soit au sein des sociétés actionnaires, soit dans deux autres entreprises" en Aquitaine.
Mais, "la réalité est toute autre", a regretté en fin de semaine dernière Lionel Azougalhi, porte-parole de l'intersyndicale. "223 postes ont été proposés dont 40 postes de cadres et 183 non-cadres", or "dans le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) 210 cadres sont concernés", a-t-il énuméré. De plus, les emplois de non-cadres proposés "ne correspondent en rien aux compétences" des salariés.
Une visite de Pierre Moscovici
Le combat des salariés de Cofinoga pourrait également prendre une résonance particulière du fait de la campagne présidentielle. Lundi après-midi, Pierre Moscovici, directeur de campagne de François Hollande, devait venir à la rencontre des grévistes.