Après l'annonce d'un bonus de bienvenue de 4 millions d'euros au futur patron de Sanofi, les réactions d'indignation s'enchaînent. Le groupe pharmaceutique français va verser deux millions d'euros à Olivier Brandicourt qui prendra ses fonctions en avril, puis, deux autres millions dans un an s'il est toujours en poste, "en contrepartie des avantages auxquels il a renoncé en quittant son précédent employeur", le groupe Bayer, selon les justifications de Sanofi. Syndicats et des employés du groupe s'indignent, d'autres justifient cette gratification.
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"Renoncer à ce cadeau de bienvenue". "Il lui appartient à titre personnel de renoncer à ce cadeau de bienvenue, c'est inacceptable", a déclaré Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, interrogé lundi sur Europe 1. Il estime ce bonus "choquant et scandaleux, d'autant plus qu'il n'a pas commencé à travailler".
La patron de la CFDT en a profité pour rappeler que le groupe pharmaceutique français est "en difficulté économique" et des salariés y "ont subi des licenciements et des ruptures de contrat".
Il juge enfin "mauvaises" les règles du code de gouvernement d'entreprise non-contraignant de l'Afep (association des entreprises de France) et du Medef. Il a prévenu que mercredi, il aborderait le sujet avec le Premier ministre, Manuel Valls.
Des employés en grève à Sisteron. Le délégué CGT de l'usine Sanofi de Sisteron, Jean-Louis Peyrin n'apprécie pas non plus ce "golden hello". Ce site de production est en grève depuis quatre semaines. "J'attends de ce patron des résultats et une moins grande insolence sachant qu'il aura touché 4 millions d'euros", explique-t-il à Europe 1. "Moi, je vois aujourd'hui des salariés qui attendent réclament 120 euros d'augmentation de prime de poste depuis quatre semaines et là, pour l'instant, on leur dit 'vous allez coûter trop cher, donc, il est hors de question qu'on vous donne 120 euros'", déplore-t-il.
Il demande à Olivier Brandicourt de "penser à la recherche", "importante pour le groupe" mais qu"il pense aussi aux "sites production" parce que "c'est grâce à eux si ce monsieur peut avoir 4 millions d'euros". "Sanofi est français et fait 8 milliards de bénéfices dont 5,5 consacrés à la finance", ajoute-t-il.
Laurence Parisot justifie le geste de Sanofi. Même si elle combat les parachutes dorés, Laurence Parisot, interrogée mardi sur Europe 1, trouve les termes "cadeau de bienvenue" ou de "bonus" inappropriés.
Selon elle, les laboratoires pharmaceutiques sont "spécifiques" car ils ont besoin de dirigeants "capables de comprendre à la fois la médecine, la pharmacologie et le management de très grandes entreprises", un monde "restreint", estime-t-elle. De plus, Sanofi est un grand groupe mondial et cherche depuis plusieurs mois un dirigeant, rappelle-t-elle. Olivier Brandicourt était "très bien chez Bayer" où il avait "près de 9 millions d'euros", "en terme de stock-options et en terme de rémunération variable à venir", rappelle l'ex-dirigeante du Medef. Son recrutement par Sanofi doit même être salué, explique-t-elle car le groupe français a réussi à convaincre "un des plus grands talents au monde dans ce secteur". Selon elle, le gouvernement n'a en tout cas pas à intervenir dans la politique de recrutement des grandes entreprises.
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