Et si Marseille vendait son stade Vélodrome ? C'est la proposition du candidat socialiste aux municipales Patrick Mennucci. Depuis 1937, la mythique enceinte sportive du 8e arrondissement de la ville est le vaisseau de l'Olympique de Marseille. Pour acquérir cet emblème de la ville désormais doté de 60.000 places, le député, également maire des 1er et 7e arrondissements, a annoncé le tarif : 300 millions d'euros.
Arrêter les frais. Car avec le Vélodrome, Marseille vite au-dessus de ses moyens, assure-t-il au micro d'Europe 1 : "Nous sommes une ville pauvre, qui s'est payée un stade mais qui n'a pas les moyens de se le payer en réalité. Ce stade est payé sur le dos des Marseillais." Le grand chantier de rénovation du Vélodrome, qui prévoit d'y ajouter notamment d'agrandir le stade et d'y ajouter un toit, coûte déjà 270 millions à la ville. Il faut donc arrêter les frais, juge Patrick Mennucci.
Attirer des investisseurs. Deuxième objectif avancé par le député-maire : donner à l'OM les moyens d'attirer de riches investisseurs. "Les grands investisseurs qui, un jour, pourraient racheter l'Olympique de Marseille ne sont intéressés pour construire les grandes équipes qu'à partir du moment où ils possèdent les infrastructures sportives qui vont avec", souligne-t-il. Une source anonyme citée par La Provence le confirme : même si le stade n'est pas à vendre, des candidats s'intéressent à son rachat. Et "forcément, des investisseurs potentiels seraient intéressés par le stade parce qu'il rapporte des recettes et valoriserait encore plus le club."
Les supporters divisés. L'argument est bien compris par certains supporters rencontrés par Europe 1. Vendre le stade ? "Oui, pour avoir des nouveaux joueurs, pour avoir un investisseur qui a plus d'argent, pour rivaliser avec Monaco ou PSG qui s'achètent ce qu'ils veulent et qui sont premiers au championnat", estime l'un d'eux au micro d'Europe 1. Mais d'autres ne partagent pas cet avis : on ne joue pas avec le cœur du foot marseillais. "C'est un symbole de Marseille, les gens s'y sont éclatés, ils y ont pleuré", rappelle un autre habitant avant de faire tomber son verdict : "il ne faut pas y toucher. Mauvaise idée."
Et si "le nouveau propriétaire démolissait un jour" ? La majorité municipale met, elle aussi, en avant cette crainte de voir le patrimoine marseillais passer entre les mains d'un investisseur privé : On prend le risque que le nouveau propriétaire démolisse un jour et fasse autre chose", juge Yves Moraine, président du groupe UMP au conseil municipal cité par La Provence. "Le maire n'a jamais voulu vendre parce que le stade appartient aux Marseillais et à l'Histoire". Pour Yves Moraine, "Patrick Mennucci met le doigt dans l'engrenage. Mais il n'ira jamais jusqu'au bout." Les plus remontés contre l'idée du candidat socialiste vont d'ailleurs jusqu'à réclamer un référendum sur le sujet avant toute décision.