L'info. Pour ouvrir une nouvelle page de son quinquennat, François Hollande a accompagné le changement de Premier ministre d'une nouvelle initiative politique : "le pacte de solidarité", censé être le pendant du pacte de responsabilité. Sauf que l'Etat a déjà du mal à trouver les 50 milliards nécessaires à ce premier ensemble de réformes. Pour financer ce nouveau pacte, le président de la République a donc laissé entendre qu'il allait demander à Bruxelles un répit dans la réduction de déficits. La réponse de Bruxelles vient de tomber et sonne comme une piqûre de rappel.
La mise au point de Bruxelles. Interrogé mardi sur le discours de François Hollande, le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a été clair : il a tenu à "rafraîchir les mémoires" en rappelant que "le délai donné à la France" avait déjà "été prolongé deux fois". Et ce dernier d'ajouter, laconique : "je ne ferai pas de commentaire".
La suite est encore plus claire : "j'ai hâte de recevoir le programme de stabilité de la France dans les prochaines semaines", a poursuivi Olli Rehn, estimant qu'il était à ses yeux "essentiel que la France agisse de manière décisive pour assurer la soutenabilité de ses finances publiques à long terme et pour résoudre les entraves bien connues à la compétitivité et à la croissance".
La France fait mieux mais reste très en retard. L'Hexagone a en effet des marges de manœuvres très limitées après avoir déjà obtenu deux délais supplémentaires. La France est désormais censée repasser sous la barre des 3% de déficits en 2015, en vertu du Pacte de stabilité. Mais elle est en retard, mais si elle déjà accéléré sa réduction des déficits : l'an dernier, le déficit public de la France s'est établi à 4,3% du Produit intérieur brut, alors qu'il était censé atteindre 4,1%.
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S'appuyer sur l'Italie pour convaincre ? La France aura donc du mal à convaincre la Commission européenne de lui accorder un nouveau délai. Mais François Hollande a un argument en poche : l'Italie, qui vient de lancer un vaste plan de relance, moque le "pacte de stupidité" européen, et dont l'économie présente de nombreuses similitudes avec sa voisine française.
"Faire comme Renzi", qui entre autres veut diminuer de 10 milliards d'euros les impôts des plus modestes, "c'est la bonne solution. Il faut (...) renoncer à ces objectifs pour 2015 qui mettraient à genoux l'économie française", plaide aussi Xavier Timbeau, de l'OFCE, organisme de recherche classé à gauche.
Sauf que cette politique, initiée par le nouveau chef du gouvernement italien Matteo Renzi, n'a été rendue possible que parce que ses deux prédécesseurs ont mené une stricte politique d'austérité. Alors que la France a opté pour l'instant pour un régime moins drastique. Paris aura donc fort à faire pour convaincre la Commission européenne.
LA NOUVEAUTÉ - Hollande annonce "un pacte de solidarité"
VERBATIM - Ce qu'a dit François Hollande
DÉCRYPTAGE - Quel économiste est Manuel Valls ?
LE MAUVAIS CHIFFRE - Le déficit public à 4,3% du PIB en 2013