La zone euro va-t-elle être se séparer du reste de l’Union européenne ? L’idée d’un budget spécifique aux Etats-membres de la monnaie unique semble faire progressivement son chemin chez les dirigeants de l’UE. Dimanche soir, sur l’antenne de la BBC, le Premier ministre britannique David Cameron l’a ainsi estimée inévitable : "Il viendra un moment où le principe de deux budgets européens s’imposera, l’un pour la monnaie unique, parce qu’ils [les membres de la zone euro] devront se soutenir mutuellement, et peut-être un autre budget, plus large, pour toute le reste."
Un cadre qui reste à définir
L’idée en émane à l’origine d’Herman Van Rompuy, président du Conseil européen. Courant septembre, dans un document de réflexion sur les moyens de renforcer l’union monétaire, il avait proposé de créer "un budget central dont il faudrait définir le rôle et les fonctions". Mais de la théorie à la mise en pratique, il y a un gigantesque fossé. A quoi servirait ce budget ? Quels programmes européens seraient couverts ? Quelles seraient les sources de financement ? Autant de questions qui restent pour l’instant sans réponse. "Le problème, c’est que ce projet est encore assez flou, personne ne sait comment cela pourrait marcher. Les traités européens ne fournissent aucun base pour la création d’un tel système", explique à Guntram Wolff, du think tank européen Bruegel, à europe1.fr.
Quel financement ?
C’est donc aux ministres des Finances de la zone euro, qui se réunissent lundi au Luxembourg pour préparer le sommet des chefs d’Etat européens des 18 et 19 octobre prochains, de préparer le terrain. Sur la question du financement, cruciale à un moment où tout le monde cherche à faire des économies, plusieurs solutions sont à l’étude. La première consisterait en un pourcentage du PIB qui serait consacré chaque année par les Etats-membres. C’est l’option envisagée par le Financial Times Deutschland, qui avançait lundi un taux de 0,2 % du PIB, pour un montant total de 20 milliards d’euros. Autre possibilité, celle d’une nouvelle taxe, pourquoi pas sur les transactions financières.
Une chose est sûre, les lignes ne devraient pas bouger tout de suite. Car pour mettre en place un tel système, il faudrait en priorité renégocier le Traité de l’Union européenne, processus long et fastidieux. Et le calendrier politique ne facilitera pas la tâche des diplomates européens : les élections législatives allemandes l’an prochain, puis celles des eurodéputés en 2014, ne manqueront pas de ralentir le processus.