L’INFO. Multiplication des enseignes spécialisées, création d’un rayon dédié dans la plupart des supermarchés, des cantines scolaires de plus en plus intéressées : les produits issus de l’agriculture biologique se retrouvent de plus en plus fréquemment dans l’assiette des consommateurs français. Directeur de recherche émérite à l'Inserm, Denis Lairon a donc décidé de pencher sur les habitudes de consommation de ces consommateurs de moins en moins "bobos" et de plus en plus normaux. Portrait-robot de ces nouveaux adeptes du bio.
Minoritaires mais de plus en nombreux. En interrogeant 54.300 personnes, l’étude NutriNet-Santé a permis de montrer que si les consommateurs réguliers de produits biologiques restent minoritaires (14% des sondés), la majorité des sondés en achètent occasionnellement (51%). Les 35% restants y sont réfractaires, soit par principe, soit par manque d’intérêt mais aussi et surtout parce que le prix d’un produit bio est jugé trop élevé.
Pas plus riche que la moyenne. Contrairement aux idées reçues, les adeptes du bio ne sont pas plus riches que la moyenne. A titre d'exemple, cuisiner soi-même et réduire sa consommation de viande coûte le même prix que le recours systématique aux plats préparés ou surgelés. La seule spécificité est à aller chercher dans le niveau d’éducation, qui est supérieur à la moyenne.
Ils ne mangent pas comme la moyenne des Français. Manger bio, c’est acheter bio mais pas seulement : c’est aussi des choix d’aliments qui diffèrent de la moyenne. Ainsi, les adeptes du bio consomment plus de produits d'origine végétale et peu raffinés : fruits, légumes, légumes secs, céréales complètes, noix, amandes, noisettes, etc. Ils délaissent en revanche la charcuterie (31% en moins), les "fast-food" (-23,5%). Ils boivent également moins de boissons sucrées (-40%) ou alcoolisées (-13%).
Et cela se ressent sur les risques d’obésité. Résultat, si le consommateur de produits bio absorbe le même nombre de calories que la moyenne, les conséquences ne sont pas les mêmes. Leurs apports en vitamines, minéraux, omega-3 et fibres sont supérieurs. Et ils risquent surtout d’être moins concernés par certains problèmes de santé modernes : ils sont moins souvent en surpoids (-36% pour les hommes, -42% pour les femmes) ou obèses (-62% et -48% respectivement).
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"Même en écartant certaines caractéristiques (apport d'énergie, niveau d'éducation, âge, sexe, catégorie socio-professionnelle, tabagisme, régime restrictif...), les mangeurs réguliers de bio ont moins de surpoids", relève le chercheur Denis Lairon. Ce qui soulève "l'hypothèse d'une influence des pesticides sur le développement de l'obésité", une "corrélation" déjà soulignée dans des publications médicales, note-t-il. La consommation d'aliments moins contaminés expliquerait ainsi, au moins en partie, la réduction de surpoids et d'obésité parmi les consommateurs de bio.
Étude publiée dans la revue PloS One et réalisée sur un échantillon de 54.300 adultes français de près de 44 ans d'âge moyen (dont 3/4 de femmes) participant à l'étude NutriNet-Santé.