Alors que sa nomination à la tête de Sanofi n'a été officialisée que jeudi, le scandale est déjà au rendez-vous. Olivier Brandicourt, nouveau patron du groupe pharmaceutique français, va en effet recevoir un "bonus de bienvenue" de 4 millions d'euros. Sanofi se défend : cette prime a été accordée à son nouveau directeur général "en contrepartie des avantages auxquels il a renoncé en quittant son précédent employeur". Olivier Brandicourt occupait jusque là la direction des activités pharmaceutiques du groupe allemand Bayer. Dès lundi, le gouvernement a jugé "incompréhensible" cette somme et a appelé à la "décence".
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2 millions d'euros x 2. Selon un document consultable sur le site internet de Sanofi, une indemnité forfaitaire brute de 2 millions d'euros est prévue pour la prise de fonction du nouveau directeur général, prévue le 2 avril. Et la même indemnité lui sera versée en janvier 2016 s'il est toujours en poste à ce moment-là.
Plus quelques largesses. Le groupe précise également que la rémunération d'Olivier Brandicourt sera composée d'une part fixe annuelle brute de 1,2 million d'euros. Une part variable l'accompagnera. "Soumise à des objectifs à la fois quantitatifs et qualitatifs" explique Sanofi, elle sera située entre 3 millions et 4,2 millions d'euros.
Olivier Brandicourt touchera par ailleurs 220.000 options de souscription d'actions par an et 45.000 actions de performance.
Pratique courante outre-Atlantique… Aux États-Unis, la pratique, appelée "golden handshake" ("poignée de main en or"), est répandue. En France, bien au contraire, elle est mal comprise par l'opinion publique, alors que les "parachutes dorés" font désormais l'objet d'un encadrement plus strict.
… et pas un coup d'essai pour Sanofi. Le prédécesseur d’Olivier Brandicourt, Chris Vielbacher, avait eu droit lui aussi en 2008 à un "bonus de bienvenue". Mais il avait été moins gâté avec un cadeau de 2,2 millions.
"Un peu d'autodiscipline". "C'est incompréhensible. Comment tous ces gens, qui expliquent que c'est le mérite, que c'est l'économie libérale, le risque, la prise de risque qui doivent faire les résultats, ces gens-là, à peine prennent-ils la tête d'une entreprise - c'est-à-dire qu'ils n'ont pris encore aucun risque - sont déjà assurés d'avoir rémunération sans commune mesure?", a réagi le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, lundi matin.
La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a également jugé "pas normal du tout" cette prime de bienvenue. "Ce qu'il faudrait c'est un peu d'autodiscipline dans la décence des comportements", a dit Ségolène Royal qui "espère" qu'Olivier Brandicourt va renoncer à ces 4 millions d'euros. "Ce serait un minimum", a-t-elle estimé. "Il faut un peu de décence, notamment de la part de laboratoires pharmaceutiques qui vivent de la Sécurité sociale, donc des cotisations sur les salaires", a également déclaré la ministre.
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