C'est l'agence de notation la plus influente au monde. Samedi, le régulateur boursier américain, la SEC, a décidé de lancer une enquête sur l'intouchable Standard & Poor's (S&P). Dans le collimateur de la SEC : les méthodes de calcul employées par la célèbre agence qui vient d'abaisser la note de solvabilité des Etats-Unis.
Une possible erreur de 2.000 milliards
Selon Wall Street Journal qui révèle l'affaire, la Securities and Exchange Commission a, en effet, lancé une vaste enquête sur les pratiques de l'agence d'évaluation, dont celles utilisées pour décider de retirer le "AAA" de la première économie mondiale. Les enquêteurs du régulateur étudient notamment les modèles de calcul employés, contestés par le Trésor américain, qui a notamment relevé une erreur de 2.000 milliards de dollars dans les projections budgétaires de S&P.
La SEC cherche par ailleurs à dénicher d'éventuels délits d'initiés, en déterminant quels employés de l'agence étaient au courant de cette décision et son annonce imminente. Des rumeurs concernant un possible abaissement de la note des Etats-Unis avaient, en effet, parcouru le marché dans la journée de vendredi, provoquant un bref décrochage des indices boursiers américains. L'annonce avait ensuite été rendue publique après la fermeture de Wall Street pour le week-end.
Un porte-parole de S&P interrogé par le Wall Street Journal a déclaré que tous les employés informés étaient "soumis aux pratiques et procédures concernant le traitement d'informations confidentielles et d'échanges de titres".
La semaine dernière, le président américain, Barack Obama avait lui-même mis en cause les conclusions de Standard & Poor's, assénant sans détour : "Nous sommes les Etats-Unis d'Amérique, nous serons toujours un AAA".
Et en France ?
En France, un candidat à la primaire PS, Jean-Michel Baylet, le président du Parti radical de gauche (PRG) a également demandé une enquête européenne sur ces agences de notation financière. "L'absence de contrôle à l'échelon européen a permis aux opérateurs d'agir en toute impunité et de se livrer à de véritables manipulations sans qu'il soit possible d'enquêter sur les intérêts qui pourraient se trouver derrière les attaques contre les Etats européens qui s'enchaînent sur les marchés financiers", a-t-il fustigé Jean-Michel Baylet dans un communiqué. Outre une enquête européenne, le président du PRG réclame des sanctions exemplaires contre les agences pouvant aller jusqu'à la dissolution si des cas de conflits d'intérêt ou de délits d'initié étaient avérés.
Plus tôt dans la journée, Martine Aubry avait également estimé, dans les colonnes du Journal du Dimanche, qu'il était nécessaire de créer "une agence de notation indépendante des banques". .