La zone euro poursuit sa lente réforme pour mieux se protéger et éviter d’être la cible des marchés. Réunis à Bruxelles, les dirigeants européens se sont en effet engagés dans la nuit de jeudi à vendredi à mettre en œuvre l’union bancaire de la zone euro. Débriefing d’une réunion bien plus calme que les derniers "sommets de la dernière chance ".
• Un contexte mitigé. Si la crise de la dette et les attaques spéculatives des marchés ont connu une accalmie depuis la rentrée, la zone euro doit néanmoins se consolider pour éviter de nouveaux accidents. Elle a déjà créé une structure qui fera office de "pompier", le MES, mais doit aussi mettre en place un gendarme et de nouvelles règles. Pour les Etats, ce sera le traité budgétaire européen, pour les banques, ce sera l’union bancaire.
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• L’union bancaire c’est quoi ? Une nouvelle réglementation pour mieux surveiller les banques du continent et éviter qu’elles ne prennent trop de risques, comme elles l’ont fait avec les subprimes, appelant ensuite à l’aide les Etats. Déjà confrontés à leur propre dette, les Etats ne veulent plus s’occuper des banques. Leurs critères de bonne gestion vont être durcis et la Banque centrale Européenne va se voir confier le rôle de gendarme : c’est elle qui surveillera et sanctionnera les banques fautives.
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• Que faut-il retenir de ce sommet ? Les Européens ont aplani leurs différends et défini un calendrier clair. La France voulait accélérer le temps des réformes, un calendrier jugé irréaliste par l’Allemagne, qui souhaitait en outre ne pas inclure ses banques régionales dans les structures surveillées. Finalement, chacun a fait des concessions : l’union bancaire n’entrera en application qu’au cours de l’année 2013 mais elle concernera les 6.000 banques de la zone euro, et pas seulement les plus importantes.
• Les limites de ce sommet européen. En s’accordant un délai pour mieux préparer et mettre en place l’union bancaire, les Européens n’arrangent pas la situation des pays les plus en crise, à l’image de l’Espagne. Cette dernière tente de soigner son secteur bancaire, très fragilisé par la crise, ses erreurs de gestion et l’éclatement de la bulle immobilière. Mais l’Espagne ne pourra pas recapitaliser ses banques grâce à l'Europe tant que l’union bancaire n’est pas instaurée.
• La prochaine étape : un peu de relance pour équilibrer l'austérité. Traité budgétaire en voie de ratification, multiplication des réformes d'économies, accalmie des marchés : pour un nombre croissant de dirigeants et d'observateurs, la zone euro a déjà fait des efforts considérables et doit désormais penser aussi à la croissance, qui risque d'être amenuisée par l'excès d'austérité. Estimant que la zone euro est "tout près" de sortir de la zone de turbulence, Frala France et plusieurs États-membres veulent désormais s'attaquer à un plan de relance européen.
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