Le magasin Tati a ouvert ses portes en 1948 à Barbès. Il fermera bientôt définitivement. 1:20
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Romane Hocquet, édité par Rémi Duchemin
Le groupe propriétaire du célèbre magasin à la devanture rose vichy a annoncé mardi la fermeture de son dernier site, ouvert en 1948. Pour les habitants du quartier de Barbès, à Paris, où Tati fait partie du paysage depuis des décennies, cette annonce a suscité une vive émotion.
REPORTAGE

C’est une page qui se tourne dans le quartier populaire de Barbès, dans le nord de Paris. Le célèbre magasin Tati va fermer ses portes. La période des grèves et le confinement auront eu de l’enseigne déjà en difficulté. C’est la fin d’une institution qui a ouvert ici en 1948. Ainsi en a décidé mardi le groupe GPG, qui en a fait l’annonce. Dans le quartier, clients et habitants sont sous le choc.

"Même si on n’habitait pas ici, on venait pour Tati, quoi. Moi, ça me fait de la peine que ça parte, sincèrement", témoigne ainsi Sana. Cette enseigne rose vichy, pour cette maman, c'est une histoire de famille. Elle et ses parents traversaient la région parisienne pour Tati Barbès. Quarante ans plus tard, c'est là qu'elle emmène sa fille. "Je me rappelle, je suis venue avec mon papa, j'avais 8 ans, on était venu pour acheter une robe pour moi, pour assister à un mariage. En Algérie, au Maroc, en Tunisie, c'est connu mondialement Tati, ça va être très bizarre Barbès sans Tati. C'est un vrai changement pour nous, les gens du quartier."

"Ils n'ont pas su se renouveler avec le temps"

Dans les allées de cette caverne d'Ali Baba aux prix cassés, les clients sont désormais rares. Depuis octobre 2019, les ventes ont chuté de 60%. "Vous ne voyez plus les gens sortir avec 2-3 sacs comme on faisait avant", confirme Régine, une habituée, qui elle-même n’a acheté que quelques bricoles. "Sincèrement, je ne suis pas étonnée que ça ferme. Ce qui a changé, c'est la qualité des choses. Ils n'ont pas su se renouveler avec le temps. C'est dommage pour les travailleurs."

Des travailleurs encore sous le choc et qui évitent les micros et les caméras. Les 34 employés du magasin risquent d'être licenciés. "On va se battre", affirme une déléguée syndicale, avant d’admettre : "Les chances de reclassement sont minces."