Le siège du géant français des médias Vivendi a été perquisitionné jeudi dans le cadre d'une enquête italienne sur sa montée au capital de Mediaset, alors que le groupe de Vincent Bolloré, en difficulté dans la péninsule, cherche à calmer le jeu.
Le siège de Natixis également perquisitionné. Vivendi a confirmé à l'AFP la perquisition menée à son siège parisien par des policiers français et des représentants de la brigade financière italienne. Ces derniers cherchaient à vérifier les circonstances de la montée de Vivendi en décembre jusqu'à près de 30% du groupe de télévision italien, perçue par la famille Berlusconi, son principal actionnaire, comme un raid hostile. Cette perquisition s'est déroulée dans le cadre d'une enquête ouverte à Milan pour "manipulation de marché" à l'encontre du groupe de Vincent Bolloré, ont précisé à l'AFP des sources proches de Vivendi. Le siège parisien de la société de courtage Natixis a également été perquisitionné, selon des sources concordantes.
Vivendi souhaite un apaisement. "La direction de Vivendi réaffirme avoir acquis sa participation dans Mediaset de manière légale et transparente et attend avec sérénité la clôture de ce différend", a déclaré Vivendi dans un communiqué. Cette perquisition vient contrarier Vivendi à un moment où le groupe essaye de calmer le jeu en Italie, où les autorités lui reprochent d'enfreindre la réglementation pour les médias et télécoms en cumulant une participation de 28,8% dans Mediaset et 23,9% dans l'opérateur Telecom Italia (Tim). Contacté par l'AFP, le procureur de Milan, Fabio De Pasquale qui conduit l'enquête avec la magistrate Silvia Bonardi, s'est refusé à tout commentaire, de même que Mediaset.
Le groupe français accusé de "manipulation de marché". La collaboration entre Mediaset et Vivendi avait pourtant commencé sous de bons auspices avec la signature en avril 2016 d'un "accord stratégique" devant créer un nouveau géant européen de la télévision. Vivendi devait racheter 100% du bouquet de la chaîne payante Mediaset Premium, un accord assorti d'un échange de participations à hauteur de 3,5%. Mais Vivendi a dénoncé cette alliance le 25 juillet 2016, en arguant de doutes sur les résultats futurs du bouquet de télévision, ce qui a déclenché la colère des Berlusconi. Fin 2016, le groupe français est monté au capital de Mediaset jusqu'à près de 30% lors d'un raid éclair qualifié d'"hostile" par la famille Berlusconi, qui a alors saisi la justice italienne via sa holding Fininvest en accusant Vivendi de "manipulation de marché".
La famille Berlusconi reproche à Vivendi d'avoir fait chuter artificiellement l'action Mediaset en annonçant la rupture de l'accord stratégique pour monter à son capital à moindre coût. Vincent Bolloré et le président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine, sont visés par l'enquête.