C'est un bureau déjà chargé de dossiers qui attend le futur patron d'Air France-KLM. Alors qu'un conseil d'administration extraordinaire organisé jeudi soir devrait entériner l'arrivée de Benjamin Smith, actuel numéro 2 d'Air Canada, à la tête du groupe franco-néerlandais, le nouveau directeur général est déjà très attendu. Les dossiers qu'il devra gérer ne manquent pas.
Renouer le dialogue social.Trois mois après le départ précipité de Jean-Marc Janaillac, désavoué par un référendum interne sur les augmentations de salaires proposées par la direction, le nouveau patron de la compagnie aérienne devra commencer par rétablir le dialogue social avec les différentes catégories de personnels, et particulièrement avec les pilotes, et leur très puissant syndicat, le SNPL. Le dialogue social est catastrophique depuis des années chez Air France et les grèves se sont multipliées ces derniers mois.
Même les pilotes de KLM, habituellement plus calmes, menacent de lancer une grève si leurs revendications ne sont pas entendues. Les syndicats d'Air France, eux, réclament près de 6% de hausse de salaire. L'ancienne direction jugeait cette demande totalement impensable, mais il va falloir réussir à régler rapidement cette question pour éviter 15 jours de grève dès le mois de septembre.
Redonner de sa superbe à Air France. Sur un temps plus long, celui qui sera nommé directeur général du groupe aérien jeudi devra également lui redonner de sa superbe. Ces dernières années, Air France a totalement décroché du peloton de tête des grandes compagnies. La question de sa pérennité est même posée. Car la compagnie a raté plusieurs virages stratégiques.
Elle est ainsi arrivée très tard et très timidement sur le low cost avec Transavia. Elle a tardé à réagir à la concurrence des compagnies du Golfe qui proposent des services de meilleure qualité aux passagers voyageant en business. Enfin, elle est désormais menacée sur long-courrier par le lancement de compagnies comme Norvegian ou Level, qui cassent les prix sur les vols transatlantiques, une des principales sources de revenus d'Air France.
Un salaire multiplié par trois. Pour trouver un candidat prêt à relever de tels défis, Air France-KLM a accepté de tripler la rémunération de son directeur général. Avec 600.000 euros par an, plus une part variable qui était montée à 510.000 euros en 2017, le salaire habituel du PDG d'Air France-KLM était en effet nettement moins élevé que ceux de la concurrence. Avec ce recrutement, le salaire prévu pourrait monter à 2,5 millions d'euros par an.