300 millions d'euro. C'est ce que va coûter à Air France en 2018 le mouvement social en cours. Alors qu'une treizième journée de grève depuis février a débuté vendredi, Pascal Pavageau, récemment élu à la tête de Force Ouvrière, a évoqué le gâchis que représente une telle perte financière pour le groupe. Or, selon lui, la responsabilité incombe à la direction seule, et non pas aux salariés qui luttent pour une meilleure rémunération salariale.
FO veut "aller à la table des négociations". "Ces 300 millions auraient été bien mieux utilisés en redistribution salariale comme nous l'avions demandé. (…) Mais la responsabilité émane entièrement de la direction. Les salariés font grève parce qu'on leur a refusé de pouvoir négocier et d’aboutir à un accord", a fait valoir Pascal Pavageau, dans la Matinale d'Europe 1 vendredi. "Les camarades FO à Air France ne demande qu’une chose : aller à la table des négociations", a-t-il insisté.
Une consultation sur laquelle Philippe n'aurait pas dû s'exprimer. Selon les résultats d'une consultation du personnel sur un accord salarial proposé par la direction, le sort du PDG Jean-Marc Janaillac pourrait bien se jouer. Le syndicat FO "appelle clairement à voter non", a déclaré le nouveau secrétaire général. Le syndicaliste en profite pour dénoncer l'immiscion d'Edouard Philippe dans le débat. Sur Europe 1, le 24 avril dernier, le Premier ministre avait appelé les salariés à bien réfléchir avant de voter. "Une entreprise qui verrait son patron partir ainsi ne serait pas dans les meilleures conditions pour affronter la suite. C'est la responsabilité des salariés d'Air France, chacun doit prendre ses responsabilités", avait-il déclaré sur notre antenne. "Il n'avait pas à pendre parti sur le sujet", rétorque Pascal Pavageau vendredi matin.
Une tendance au "oui". Le vote sur le projet d'accord, lancé le 26 avril par voie électronique, sera clos à 18 heures vendredi. Il prévoit de 2018 à 2021, selon la direction, "des augmentations générales de salaire de 7% en quatre ans, s'ajoutant aux augmentations individuelles", contre 1% en 2018 en deux temps initialement. Mais l'intersyndicale demande 5,1% d'augmentation en deux temps en 2018 (+3,8% en avril et +1,3% en octobre) au titre d'un "rattrapage" nécessaire, après six ans de gel des grilles salariales. Les premières tendances indiquent que l'adhésion au projet de la direction l'emporterait. Si tel était le cas, "mes camarades se réuniront en Assemblée générale et prendront leur décision" sur la poursuite du mouvement, a assuré le leader syndical. Le tout, dans le respect de la volonté de la majorité des salariés.