La plateforme de locations touristiques Airbnb aura reversé 148 millions d'euros de taxe de séjour aux communes françaises en 2022, un montant en croissance de 60% comparé à l'année précédente, grâce à la reprise du tourisme, annonce-t-elle vendredi. De novembre 2021 à octobre 2022, les plus gros montants de taxe de séjour ont été collectés à Paris (24,3 millions d'euros contre 9,4 millions en 2021), Marseille (2,8 millions d'euros contre 1,9 million), Nice (2,4 millions d'euros contre 1,2 million), précise un communiqué.
Retour des voyageurs internationaux
"Ces grandes villes bénéficient ainsi du retour des voyageurs internationaux et des grands évènements, qui attirent de nouveau les voyageurs sur leur territoire", souligne la plateforme qui réalise en France son plus gros chiffre d'affaires au monde après les Etats-Unis. Près de 30% de la taxe de séjour collectée en France en 2022 l'a été au sein de communes rurales de moins de 3.500 habitants, soit une proportion stable - elle était de 29% en 2021. Airbnb indique travailler "avec des États membres de l'Union européenne et leurs autorités fiscales afin d'automatiser la collecte et le reversement de la taxe de séjour".
La plateforme ajoute par ailleurs communiquer "les revenus des hôtes à l'administration fiscale une fois par an depuis 2020" et fournir aux municipalités, conformément à la réglementation en vigueur, "des données détaillées sur les séjours effectués" via son site, depuis novembre 2021. En France, la taxe de séjour est réglée par le vacancier en plus du prix de l'hébergement au logeur, à l'hôtelier ou au propriétaire qui la reverse ensuite à la commune. Son niveau, fixé par les collectivités, va de 1% à 5% du prix hors taxe de la nuitée par personne.
Ses recettes permettent aux collectivités locales de disposer de ressources complémentaires pour développer l'offre touristique sur leurs territoires. Par ailleurs, l'impôt sur les sociétés acquitté par Airbnb France pour l'année 2021 est de 366.451 euros, contre 204.662 euros pour 2020, a indiqué l'entreprise à l'AFP, un "montant lié aux revenus du bureau français" de l'entreprise, notamment issus de "services de promotion et de marketing", soit une fraction très marginale de son activité.
De nombreuses villes accusent la plateforme de créer des pénuries de logements
Car les revenus de son activité principale, la location de logements touristiques -la commission de 3% réglée par le loueur, et celle de 14% payée par le voyageur- sont perçus en intégralité par la société Airbnb Ireland et soumis à la fiscalité irlandaise, plus favorable que celle pratiquée en France. La plateforme s'acquitte aussi de "la TVA et la taxe sur les services numériques" en France, a-t-elle souligné.
De nombreuses villes se plaignent du développement des meublés touristiques via des plateformes comme Airbnb ou Abritel qu'elles accusent d'être à l'origine d'une pénurie de logements pour la population qui vit dans ces communes à l'année, ou de l'accentuer. Paris ferraille par exemple de longue date contre les meublés touristiques. Après les grandes métropoles, de plus en plus de villes petites ou moyennes ont en France adopté des règles pour limiter leur expansion.
En avril 2022 la justice européenne a validé l'obligation faite aux plateformes de location d'hébergement touristique de communiquer aux administrations fiscales nationales les informations sur les transactions effectuées. La Cour de justice de l'Union européenne basée à Luxembourg avait été saisie d'un litige opposant la société Airbnb Ireland et la Belgique.