Amazon propose, chaque début d'année, à ses salariés qui auraient "un projet personnel" de démissionner en échange d'une prime pouvant aller "jusqu'à 8.000 euros", un dispositif contre lequel les syndicats vont saisir l'inspection du travail, a-t-on appris mardi de sources concordantes.
"The offer". Selon le géant de la distribution en ligne, cette proposition, baptisée "the offer" existe "partout dans le monde" et a été lancée en France en 2015. Les salariés en CDI peuvent ainsi démissionner "en échange d'une prime pouvant aller jusqu'à 8.000 euros en fonction de leur ancienneté", a expliqué une porte-parole du groupe en France. "Il s'agit d'accompagner ceux qui ont des projets personnels ou envie de faire autre chose avec un soutien financier", a-t-elle ajouté.
Douze salariés concernés en 2016. Cette "offre", proposée chaque année sur une période de quinze jours, "reste limitée dans le temps". En 2017, la période s'étale du 23 janvier au 5 février. Elle a concerné "onze salariés en CDI en 2015 et douze en 2016" sur 3.000 CDI employés en 2016. "Un tiers d'entre eux avaient trouvé du travail ailleurs, un autre tiers ont fait ce choix pour des raisons personnelles", a-t-elle ajouté, disant ne pas savoir ce qu'il est advenu du dernier tiers.
L'inspection du travail saisie. Pour les syndicats, il s'agit en revanche d'un "plan de départs volontaires déguisé" et d'"une manœuvre permettant d'embaucher à moindre coût des intérimaires, précaires, à la place de CDI". Selon Alain Jeault, (CGT) les organisations syndicales ont voté lundi une motion d'entrave, le groupe n'ayant jamais présenté ce dispositif en comité central d'entreprise (CCE), et décidé de saisir l'inspection du travail.
La CFDT a demandé de son côté "la tenue d'une réunion extraordinaire afin d'obtenir des réponses précises sur ce dispositif". "Les salariés sont âgés en moyenne de 22 ans mais beaucoup ne tiennent pas à cause des cadences et s'en vont. Ils démissionnent et n'ont pas d'allocations chômage", a expliqué Arnaud Chemain de la CGT commerce.
Amazon est implanté depuis 15 ans en France sur quatre sites et ouvrira un cinquième site près d'Amiens en 2017. Le groupe assure avoir embauché 1.000 CDI en début d'année, ce qui porte ses effectifs à 4.000. Le groupe dit embaucher régulièrement des intérimaires pendant les pics d'activité, comme à Noël où ils étaient "6.500", selon sa porte-parole. La CGT évalue le nombre régulier d'intérimaires à "3.000".