Condamnée par la justice française à se cantonner à la livraison de produits "essentiels" tant qu'elle n'a pas évalué les risques de l'épidémie de coronavirus pour ses salariés, Amazon s'y est finalement résolu. Le géant américain, dirigé par Jeff Bezos, a décidé mercredi de fermer tous ses sites français pendant cinq jours pour procéder à cette évaluation. Une décision inédite, saluée par les syndicats mais qui va coûter cher à Amazon.
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Une fermeture entre le 16 et le 20 avril
Le tribunal de Nanterre avait estimé mardi dans un jugement que l'entreprise a "de façon évidente méconnue son obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés" en pleine crise du coronavirus. Lors d'un Comité social et économique central (CSE) qui s'est tenu mercredi après-midi, Amazon a proposé une fermeture des centres de distribution, du 16 au 20 avril, afin de conduire l'évaluation des risques ordonnée par la justice française. Une feuille de route a été mise en place pour ce processus et des réunions vont se tenir jeudi dans tous les entrepôts.
"Considérant la complexité inhérente à nos activités logistiques et l’amende d’un million d’euros par infraction imposée par le tribunal, le risque de contrevenir à la décision était trop élevé", a fait savoir Amazon dans un communiqué. "À plus long terme, nous évaluons l’impact de cette décision pour eux et notre réseau logistique français. Nous travaillerons activement pour réduire l'impact que cette décision pourrait avoir sur les TPE et PME françaises qui s'appuient sur nos centres de distribution pour livrer leurs produits."
Une source syndicale précise à Europe 1 que la fermeture sera effective jeudi à partir de 13h, une fois que l'équipe du matin aura terminé. Seuls les cadres, le personnel administratif et les employés de maintenance seront autorisés à accéder aux sites, uniquement si nécessaire. Les autres salariés et intérimaires (presque 10.000 personnes) vont être passés en chômage partiel et Amazon s'est engagé à les rémunérer à hauteur de 100% de leur salaire pendant cette période.
Le manque à gagner est colossal pour Amazon. En temps normal, un seul entrepôt peut traiter en une journée jusqu’à 170.000 produits, selon des chiffres obtenus par Europe 1. Sur cinq jours, les pertes nationales se chiffrent donc en millions d’euros. Côté consommateurs, il sera toujours possible de passer commande sur Amazon, mais uniquement auprès de vendeurs tiers qui utilisent le site pour vendre leurs produits. Ces commandes sont gérées directement par les vendeurs et ne passent pas par les entrepôts d'Amazon.
Une demande de chômage partiel
Le tribunal de Nanterre avait été saisi par les syndicats, inquiets pour la santé des salariés. Au micro d'Europe 1 mardi, Antoine Delorme, délégué syndical CGT de l'entrepôt de Sevrey, près de Chalon-sur-Saône, confiait d'ailleurs que "beaucoup de salariés venaient au travail avec la boule au ventre" pendant le confinement. La décision de fermer temporairement les centres est donc plutôt bien accueillie. "Amazon consent à se mettre en mode pause. Ils admettent que la poursuite d'activité n'était pas possible dans ces conditions. Maintenant, mettons-nous autour de la table, discutons des mesures. Amazon doit faire des efforts", réagit Laurent Degousée, délégué de SUD Commerce, syndicat à l'origine de la plainte.
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Amazon a fait savoir mercredi qu'elle a fait appel de la décision de justice, de disant "perplexe" et en "désaccord" avec le jugement. "Rien n’est plus important que la sécurité de nos collaborateurs", assure de son côté Amazon, affirmant avoir distribué sur ses sites "plus de 127.000 paquets de lingettes désinfectantes, plus de 27.000 litres de gel hydroalcoolique, ainsi que plus de 1,5 million de masques" lors des quatre dernières semaines. Ce sont précisément ces mesures, ainsi que l'application de la distanciation sociale dans les entrepôts, qui seront évaluées lors des cinq prochains jours.