C'est le cheval de bataille de quasiment tous les gouvernements. Et l'un des objets de la prochaine grande réforme de l'exécutif. L'apprentissage est au cœur du projet de loi "pour la liberté de choisir son avenir professionnel", qui devrait arriver au Parlement dans un mois. Une vingtaine de mesures doivent permettre de doubler le nombre d'apprentis en France, afin d'arriver à des niveaux comparables à ceux d'autres pays européens. L'objectif est aussi de rendre ses lettres de noblesse à un type de cursus encore souvent méprisé. Entre un accès à l'apprentissage facilité pour les jeunes, une rémunération plus attractive, une réforme du financement et une simplification du système, Europe 1 fait le point.
Un apprentissage plus facile d'accès
Le gouvernement veut rendre l'apprentissage plus facile d'accès. Pour ce faire, il compte relever l'âge maximum d'entrée en formation de 26 à 30 ans. Par ailleurs, une "prépa-apprentissage" sera mise en place pour tous les jeunes qui souhaitent s'orienter vers ces filières mais ne disposent pas des "savoir de base et du savoir-être".
Alors que l'un des problèmes récurrents de l'apprentissage reste la méconnaissance, et parfois le mépris, de ce type de cursus, le gouvernement veut appuyer sur l'information à destination des jeunes et de leur famille. Plusieurs journées dédiées seront organisées pour les collégiens et les lycéens.
Une rémunération plus attractive
Afin d'encourager les jeunes à se tourner vers l'apprentissage, l'exécutif va mettre en œuvre des incitations financières. La rémunération des apprentis ayant entre 16 et 20 ans augmentera de 30 euros nets par mois. Ceux ayant entre 26 et 30 ans toucheront au minimum un Smic.
Par ailleurs, une aide de 500 euros sera débloquée pour tous les apprentis d'au moins 18 ans, afin de leur permettre de passer le permis de conduire.
Tous les contrats seront financés
C'est l'une des grandes promesses de Muriel Pénicaud, la ministre du Travail : plus aucun contrat se retrouvera bloqué faute de financement. Pour ce faire, ce sont notamment les Régions, chargées de subventionner les contrats, qui disposeront d'une dotation de 250 millions d'euros par an.
Un système simplifié pour les entreprises
L'un des constats du gouvernement est le suivant : il est aujourd'hui si complexe d'embaucher un apprenti que beaucoup d'entreprises y renoncent. D'où la volonté, explique-t-on au ministère du Travail, de simplifier le système pour les employeurs. Exit les trois aides à l'embauche différentes qui se juxtaposent à un crédit d'impôt. L'exécutif veut unifier les soutiens financiers et les cibler directement sur les entreprises de moins de 250 salariés qui embauchent sur des diplômes de niveau bac et pré-bac.
Par ailleurs, la règlementation sera revue à différents niveaux pour faciliter la vie des employeurs d'apprentis. Aujourd'hui, rompre un contrat d'apprentissage après 45 jours exige un commun accord ou un passage devant les prud'hommes. Demain, ce ne sera plus cas. Faute d'accord, il faudra licencier l'apprenti pour faute grave ou inaptitude, ou pour "faute majeure". L'apprenti, quant à lui, disposera d'un nouveau "droit à la rupture du contrat".
Le temps de travail maximum de certains apprentis mineurs pourra être porté à 40 heures hebdomadaires au lieu de 35. Les horaires de travail de certaines branches, comme la boulangerie et la pâtisserie, seront assouplis. Enfin, il sera possible d'embaucher des apprentis tout au long de l'année, et plus seulement entre août et décembre.
Une refonte des centres de formation
Les centres de formation des apprentis (CFA) vont aussi voir leur quotidien changer avec la réforme. Un système de certification va être mis en place afin d'améliorer la qualité des formations dispensées. Les CFA seront également financés au contrat. Ce qui doit permettre, estime le gouvernement, de les encourager à proposer de meilleurs services aux jeunes. L'association Régions de France, elle, craint une "privatisation du système" et la fermeture de certains CFA.