Emmanuel Macron a menacé vendredi les entreprises abusant des contrats courts de leur imposer un "malus" sur leurs cotisations "au début de l'année prochaine", provoquant ainsi la colère du patronat, au moment où les partenaires sociaux ouvraient les négociations sur l'assurance chômage.
Macron ouvert à des négociations de branche. "Les entreprises qui favorisent l'emploi durable pour les gens et donc la stabilité, elles auront des bonus, les gens qui font trop de contrats courts ils auront des malus, donc ça va les inciter quand même à changer ça", a déclaré le président de la République à Lens. Emmanuel Macron, dont c'est une promesse de campagne, répondait à une jeune fille qui disait enchaîner les CDD, lors d'une table ronde dans un centre social.
Pour autant, le chef de l'État n'a pas semblé fermer la porte à des discussions sur ce thème branche par branche, comme le réclame le patronat qui rejette tout "bonus-malus". "On le met en place début d'année prochaine, mais on commence cette discussion branche professionnelle par branche professionnelle, et donc entreprise par entreprise, pour les inciter à changer les habitudes dans lesquelles elles s'étaient parfois un peu inscrites", a-t-il ajouté dans cette déclaration pouvant paraître ambivalente.
Le patronat vent debout. Selon le Medef, des discussions sont en cours dans une quinzaine de branches, mais seulement deux ont conclu un accord pour l'instant, la métallurgie et la propreté. Ces déclarations ont provoqué la colère du patronat, car elles sont intervenues le jour où les partenaires sociaux commençaient leurs négociations sur l'assurance chômage, au siège de l'Unedic à Paris. "Suite à la #déclaration du président de la République. Bonus malus : Stop ou Encore ? Du coup, négociation #Assurancechômage : Stop ou Encore ?", a tweeté le président de la CPME François Asselin.
"Le bonus malus imaginé par le gouvernement va détruire des CDD et des emplois intérim sans pour autant créer de CDI !", a tweeté de son côté le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. Pour le gouvernement, les employeurs qui abusent des contrats courts minimisent leurs coûts salariaux en faisant financer leurs "périodes creuses" par l'assurance chômage, et donc in fine par les entreprises "vertueuses" qui emploient des CDI. D'où l'idée de faire varier la cotisation patronale à l'assurance chômage, actuellement de 4,05%, en fonction du taux de rupture de contrats donnant lieu à inscription à Pôle emploi.