Depuis quelques mois, le gouvernement envisage de piocher dans les caisses de la complémentaire de retraite du privé, l’Agirc-Arrco. Mais l'État n'en est pas à son coup d'essai puisqu'en réalité, un précédent est passé plus inaperçu. Il s’agit d’une ponction de l’État directement dans les réserves de l’Assurance-chômage qui a pour objectif de financer la transformation de Pôle emploi en France Travail.
Sauf que l’addition est salée ! Ce lundi, l’Unedic a fait ses comptes et révèle que les recettes de l’assurance chômage ont été amputées de deux milliards d’euros l’année dernière. Et ça va continuer, puisqu’au total, le gouvernement a prévu de ponctionner 12 milliards d’euros dans les caisses de l’Assurance-chômage, sur quatre ans.
Un premier prélèvement de 2 milliards d’euros en 2023
Les prélèvements ont commencé l’année dernière et dureront encore trois ans. Une double peine pour l’assurance-chômage. Non seulement cette situation limite sa capacité à dégager des excédents, mais elle freine en plus son désendettement, alors que l’Unédic est très endettée, rappelle Jean-Eudes Tesson, son président. "12 milliards sur une dette qui est de 60 milliards, ça fait beaucoup", se désole-t-il au micro d'Europe 1. "C’est ce que nous ne pourrons pas rembourser et qui nous oblige d’ailleurs à réemprunter pour faire face à nos échéances de remboursement, en générant des frais supplémentaires. On l'estime à environ un milliard d’euros sur la période".
Et si les comptes de l’assurance-chômage n’ont pas encore pris l’eau, d’autres mesures pourraient les faire basculer dans le rouge. À la recherche de 10 milliards d’euros d’économies, le gouvernement compte bien faire participer les opérateurs de l’État, dont France Travail, financé en partie par l’Unédic.
"L’État peut, au titre des mesures annoncées par Bruno Le Maire, envisager de réduire sa contribution au financement de France Travail, et faire financer la différence par l’Unédic. Et c’est dans ce cas-là que nous serions concernés par les mesures annoncées par Bruno Le Maire". En attendant, l’Unédic anticipe des recettes bien moins fortes que prévues jusqu’en 2027.