Une usine de gaz industriels a été le théâtre d'un attentat vendredi, une attaque au cours de laquelle une tête décapitée a été retrouvée. Une déflagration a également été entendue, probablement due à l'explosion de plusieurs bonbonnes de gaz. Le ou les assaillants ont ciblé Air Products, une entreprise installée à Saint-Quentin-Fallavier, dans l'Isère. Mais quel est le métier exact de cette usine ?
Mise à jour le 26/06. L'auteur présumé de l'attentat, Yassin Salhi, n'était pas accompagné d'un complice lors de son attaque, selon les éléments recueillis à ce stade, a indiqué vendredi le procureur de Paris, précisant qu'il avait été suivi par les services de renseignement jusqu'en 2014.
Un spécialiste du gaz industriel.Air Products est une entreprise américaine comptant 20.000 salariés répartis dans une cinquantaine de pays. Vieille de 70 ans, elle fait partie des quatre leaders mondiaux de son secteur, le gaz industriel. Son domaine d’activité c’est donc le gaz industriel, c’est-à-dire le gaz qui est utilisé dans les raffineries ou encore dans les usines de peinture, d’adhésifs, le secteur agroalimentaire, médical, traitement ou encore les entreprises de soudage. Localisé en pleine zone industrielle, le site de Saint-Quentin-Fallavier compte une petite cinquantaine d'employés.
Un site sensible classé Seveso. Spécialisé dans un secteur très sensible, l'usine Air Products d'Isère fait donc l'objet de normes de sécurité très strictes. D’ailleurs il se trouve que sur le site web de l’entreprise, en page d’accueil, le premier article concerne la prévention des accidents. Une attention portée à la sécurité qui ne doit rien au hasard : le site est classé Seveso de niveau 1, du nom d'une directive européenne qui oblige les entreprises concernées à mettre en place des règles de sécurité renforcées.
Des normes qui ne peuvent pas anticiper ce genre d'attaque. Il n'en demeure pas moins que ces normes ne sont pas prévus pour faire face à une telle attaque. "Nous avons des dispositifs pour empêcher la pénétration des véhicules, les "car blockers" qui sont utilisés devant les ambassades, le ministère de l'Intérieur. Mais toutes les entreprises ne peuvent pas s'équiper de ces dispositifs", a prévenu Roger Marion.
"Je crois que cette société respecte toutes les normes de sa classification (Seveso, ndlr). Après, en ce qui concerne les autres normes, je pense qu'elle ne les a pas mis en place pour des raisons tout à fait banales et qui sont financières", a renchéri sur Europe 1 Louis Caprioli, conseiller spécial pour la société de sécurité privée Geos et ancien sous-directeur à la Direction de la surveillance du territoire (DST). Et Louis Caprioli de détailler les mesures de sécurité probablement mises en place : "on va fermer la porte, on va avoir un minimum de contrôle pour l'accès au personnel, mais maintenant vous me décrivez une action qui correspond à une attaque de Daech en Libye, en Syrie ou en Irak. Voilà à quoi nous avons affaire : on n'est plus dans le monde normal".
"Tout cela a un coût. Est-ce à l'entreprise ou à l’Etat de le prendre en charge ? L'Etat en est maintenant incapable quand on voit l'état de nos armées qui sont obligées de détacher 7.000 sur la France alors que les hommes sont à bout de souffle au Sahel. On ne peut plus utiliser les moyens de la gendarmerie, de la police et des armées pour protéger les sites donc il faut que ce soit les entreprises qui se mettent à niveau. C'est une prise de conscience qu'il faut d'une certaine façon imposer aux entreprise. Et donc cela va avoir un coût alors que les entreprises essayent le plus possible de réduire leurs coûts", a poursuivi ce spécialiste.
>> Europe 1 a pu joindre en exclusivité la compagne de Yassin Salhi, l'homme interpellé vendredi :
Attentat en Isère : la compagne du suspect...par Europe1fr