"Les programmes du RN et du Nouveau Front populaire sont dangereux pour l’économie". La sortie est signée Patrick Martin, patron du Medef. À 10 jours des élections législatives, les chefs de parti sont auditionnés par l’organisation patronale ce jeudi matin. C’est un test important notamment pour Jordan Bardella et le RN qui ont redoublé d’efforts pour rassurer les milieux économiques. Pour charmer les patrons, Jordan Bardella fait comme Marine Le Pen il y a quelques années qui avait abandonné le Frexit et la sortie de l’euro après son échec cuisant en 2017.
L’héritage de comptes publics dégradés
Son héritier recule sur l’exonération d’impôts sur le revenu pour les créateurs d’entreprises de moins de 30 ans ou la TVA à 0% sur les produits de première nécessité. Des mesures qui figuraient bien au programme en 2022. Elles sont repoussées à plus tard, explique le prétendant à Matignon. Sa justification est toute trouvée : avec l’état déplorable des comptes publics, il doit composer avec l'héritage d'une dette et d'un déficit record.
Pour séduire le patronat, Jordan Bardella est prêt à reculer, au moins temporairement, sur la mise en place d'un impôt sur la fortune financière. Reste l’exonération de cotisations patronales pour les augmentations générales de salaires de 10% jusqu’à trois Smic. Des mesures qui devraient trouver un écho chez les chefs d’entreprise. En avril dernier, avant les européennes, le patron du RN avait déjà été auditionné par le Medef et les adhérents de l’organisation avaient déjà pu constater l’évolution du parti sur les questions économiques.
"L'ambition d'une rupture responsable, soucieuse de la stabilité des institutions"
Lors de son audition, face à un parterre de grands patrons parfois inquiets de l'arrivée potentielle du RN à Matignon, Jordan Bardella a donc tenu d'entrée à rassurer. "L'ambition que nous portons avec le président Ciotti est celle d'une rupture responsable, respectueuse des corps intermédiaires et des partenaires sociaux, soucieuse de la stabilité des institutions", a-t-il affirmé.
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Le patron du Rassemblement national s'est affiché pour la première fois aux côtés d'Éric Ciotti. Le Niçois a assumé être un libéral et s'en est pris sur scène au président du Medef. "Je l'avoue : voir placé sur le même plan notre programme et le programme du Front populaire m'a quelque peu étonné mon cher Patrick (Martin), nous n'avons pas la même vision du pays", a déclaré le patron des LR.
Les deux hommes ont affirmé vouloir "revenir à la raison budgétaire" et ils ont multiplié les pistes d'économies tout en assumant les 12 milliards d'euros de dépenses que coûterait la baisse de la TVA sur les prix de l'énergie. Sur les migrations économiques, Jordan Bardella a revendiqué ce jeudi matin une forme de pragmatisme, mais aussi de fermeté. "S'il y a des besoins ponctuels, il y a des besoins ponctuels, mais pas de régularisation d'étrangers en situation irrégulière. Je suis opposé à ce principe", a-t-il défendu. Le prétendant à Matignon a dit et répété avoir conscience de la faible marge de manœuvre budgétaire dont il disposerait en cas d'arrivée au pouvoir.