Que valent vraiment les voitures chinoises ? Pour le découvrir, Pierre de Vilno reçoit dans le podcast automobile “Tout roule” Nicolas Caillault, le directeur de la marque chinoise de voitures Aiways en France.
Qu'est ce qui a amené Aiways, société chinoise, à venir distribuer des voitures en France ? "La marque Aiways est une marque relativement jeune puisqu'elle a été créée en 2017 et elle a fait le choix volontairement de lancer son modèle U5 en Europe et également en Israël avant de lancer le véhicule en Chine. Tout le monde a bien conscience de la mutation du secteur de l'automobile et de l'électrification du fait de directives européennes fortes sur notre continent."
On a vu apparaître ces voitures Aiways en été en Corse, par l'intermédiaire d'une agence de location ? "La marque Aiways a fait un teasing grandeur nature sur l'Ile de Beauté. Le postulat de base, c'était essayer ce nouveau produit qui intrigue de par son ergonomie, de par son aspect extérieur : regardez, testez, et après vous pourrez l'adopter."
Mais est ce que vous n'avez pas des appréhensions des Français à rouler en voiture chinoise ? Il y a quand même des touristes qui arrivaient en Corse qui disaient : "J'aurais préféré avoir une Peugeot, une Renault" ? "On sent que les mentalités sont vraiment en train de changer. Moi même, en tant que consommateur et issu de l'automobile, je me souviens de l'observation qu'on pouvait faire des voitures chinoises il y a encore une dizaine d'années. C'était vraiment plus une méfiance et une crainte aujourd'hui. Il y a une réalité qui est le marché économique, qui est le marché du savoir faire. Et aujourd'hui, effectivement, comme vous le dites, Aiways fabrique des voitures en Chine. Mais ce ne sont pas les seules dans le monde de l'utilitaire. Il y a énormément de véhicules qui sont fabriqués en Chine et le consommateur ne le sait pas. Quand vous achetez des marques européennes et que vous creusez un peu le sourcing, vous pourriez être surpris de voir l'origine."
Qu'est ce que vous pensez de la colère des constructeurs français et européens ? De dire qu'il faut rétablir les taxes d'importation plus lourdes sur les voitures chinoises au nom de la réciprocité ? Parce que quand on exporte une voiture européenne ou française et qu'elle arrive en Chine, il y a des taxes qui sont immenses. "Les Chinois ont de telles ambitions en Europe que je ne suis pas persuadé que ce soit gagnant-gagnant. Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui les Chinois fabriquent les batteries, et la plupart des matières premières des batteries sont en Chine. Donc c'est humain de protéger son territoire, mais ça peut être contre-productif."
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Quel est l'avenir des voitures chinoises en France pour vous ? "Tant qu'on sera sur du 100 % électrique, je pense que les Chinois vont être de plus en plus agressifs et de plus en plus créatifs en termes de silhouette. Aujourd'hui, on le voit bien avec d'autres marques. Quand vous observez le succès de la marque MG en France, c'est quand même une marque qui sort des modèles régulièrement, qui commence à avoir une gamme extrêmement intéressante, au delà de l'agressivité du prix. Ce sont des véhicules qui sont de belle facture. Nous venons d'ouvrir les commandes de notre nouveau modèle U6 et l'ambition d’Aiways est de lancer un nouveau modèle tous les ans. Donc, il y a vraiment une mise en marche de l'industrie automobile chinoise sur le continent européen qui est très prononcée."
Aujourd'hui des voitures chinoises qui roulent en France, il y en a combien ? "En 2021, on a fait un peu moins de 300 voitures. En 2022, on devrait finir autour de 500 véhicules et nous avons des ambitions sur 2023 de dépasser les 1200 véhicules. Et après, de doubler dans un cycle normal sur les trois ou quatre prochaines années."
Mais comme ça, à la louche, la proportion des voitures chinoises sur le parc roulant français, c'est quoi ? C'est 1 % ? "Si on prend l'électrique, c'est beaucoup plus important que ça, c'est peut être 15 à 20 % des populations qui sont chinoises. Je parle de la marque MG mais la marque MG est en train de livrer son 10.000ᵉ véhicule sur l'année 2022."
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