L'opérateur mobile Free a lancé mardi aux Antilles et en Guyane des offres aux tarifs jusqu'à six fois inférieurs à ceux pratiqués par les opérateurs en place, promettant de secouer le marché comme il l'avait fait dans l'hexagone en 2012. "L'idée, c'est d'arriver ici avec des prix qui vont permettre de donner du pouvoir d'achat", a déclaré à l'AFP Xavier Niel, actionnaire principal d'Iliad, maison mère de Free. Le forfait Free Caraïbe propose un tarif de 9,99 euros par mois pour 120 gigaoctets de data et des appels téléphoniques illimitées. Dix ans après l'Hexagone, l'entreprise de télécommunication s'installe à Saint-Martin, à Saint-Barthélémy, en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane.
Des territoires où le marché des communications mobiles est dominé par quatre opérateurs très bien implantés (Orange, SFR, Digicel, Dauphin Télécom). "Notre offre est soutenable et va durer", a assuré Xavier Niel. "Cela montre à quel point les autres opérateurs se sont goinfrés sur ce sujet". Free vise une part de marché de 25%.
Une arrivée préparée depuis 2016
En 2012, Iliad avait fait une entrée détonante sur le marché du mobile avec des tarifs bien en dessous de ceux proposés par les trois autres opérateurs qui se partageaient le marché, les obligeant à riposter en baissant leurs tarifs. Cela avait mené à une restructuration du secteur. Free prépare son arrivée aux Antilles depuis 2016. Ce n'est que six ans plus tard, après une mise en demeure de l'Arcep et un partenariat avec l'opérateur Digicel pour faciliter le déploiement de ses antennes, que Free peut poser ses valises aux Antilles. "Ça fait presque quarante ans que je fais les télécoms. Jamais, jamais, jamais ça n'a été aussi difficile de lancer un opérateur", a observé Xavier Niel, en dénonçant les freins imposés par les concurrents sur le marché local.
Free revendique à ce jour 400 antennes aux Antilles-Guyane. "On est, je pense, au-dessus de 90% de couverture de la population", estime le patron d'Iliad. L'opérateur vise 98% de couverture d'ici deux ans. Si Xavier Niel a mis du temps à implanter Free aux Antilles-Guyane, il possède déjà des intérêts sur ces territoires depuis deux ans via la société NJJ, propriétaire de France-Antilles. Le quotidien local accuse toujours des pertes depuis sa reprise en avril 2020, alors que sa liquidation avait déjà été prononcée par le tribunal mixte de commerce.
Engagement à long terme aux Antilles-Guyane
"L'année dernière, le groupe France-Antilles a perdu 5 millions d'euros", a confié Xavier Niel, "cette année, on est en nette amélioration". "Ce qui nous a guidés, c'est de se dire qu'on n'a pas le droit d'avoir des territoires sans la continuité d'une presse d'information générale papier", argumente l'actionnaire. Outre un basculement vers le numérique, Xavier Niel a confirmé à l'AFP qu'une "nouvelle machine pour imprimer le journal" serait installée en Martinique d'ici au mois d'août.
Depuis la liquidation du groupe, les quotidiens guadeloupéens et martiniquais sont fabriqués en Guadeloupe. "On va pouvoir boucler plus tard", s'est réjoui le patron de presse, qui y voit une preuve de son engagement à long terme aux Antilles-Guyane.