À quelques mois de sa prise de contrôle à 100% par l'État, l'énergéticien EDF a annoncé jeudi avoir subi une perte historique au premier semestre, de 5,3 milliards d'euros, en raison de la baisse de production d'électricité nucléaire, et de sa mise à contribution par l'État pour contenir la facture des Français.
Une production historiquement faible
Cette production historiquement faible est la conséquence notamment de la mise à l'arrêt de 12 réacteurs sur 56 en France pour des problèmes de corrosion, et de 18 autres pour des opérations de maintenance programmées, alors que l'Europe traverse une crise énergétique causée par la guerre en Ukraine et la baisse des livraisons de gaz russe.
Le chiffre d'affaires d'EDF est en revanche en forte progression (+67,2%), à 66,262 milliards d'euros, soutenu par la forte hausse des prix de l'électricité et du gaz en Europe.
"Y a-t-il déjà eu dans l'histoire d'EDF un semestre dont les chiffres étaient aussi négatifs ? J'en doute beaucoup", a reconnu son PDG Jean-Bernard Lévy lors de la présentation des résultats.
Ils traduisent "les difficultés rencontrées en matière de production nucléaire en France et dans une moindre mesure hydroélectrique, ainsi que l'effet du bouclier tarifaire mis en place en France pour 2022", a-t-il précisé, cité dans le communiqué du groupe.
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Le gouvernement a en effet obligé EDF à vendre davantage d'électricité bon marché à ses concurrents pour protéger la facture des ménages.
"Ces événements imposent au groupe d'acheter de l'électricité dans un contexte de prix de marché élevés", a résumé l'énergéticien, détenu à 84% par l'État français, et dont le gouvernement a prévu la renationalisation à 100% dans les prochains mois pour 9,7 milliards d'euros.
Le groupe a par ailleurs indiqué maintenir sa "prévision de production nucléaire sur l'année dans la fourchette de 280 à 300 TWh", une prévision "confortée" par la validation mercredi par l'Autorité de sûreté nucléaire de sa stratégie pour contrôler les problèmes de corrosion rencontrés dans son parc nucléaire.
Un groupe en grande difficulté
C'est donc un groupe en grande difficulté que l'État s'apprête à renationaliser, dont l'endettement financier net, à 42,8 milliards d'euros fin juin, a été stabilisé par une augmentation de capital de 3,1 milliards d'euros, lancée en mars.
La renationalisation, via une offre publique d'achat (OPA) des 16% d'actions non détenues par l'État, devrait permettre au groupe, malgré sa situation financière critique, d'emprunter à moindre coût.
Il en aura grandement besoin, afin de relever des défis colossaux : être le "bras armé" de l'État dans le verdissement de sa politique énergétique et la conquête d'une plus grande souveraineté en la matière, un enjeu remis au premier plan par la guerre en Ukraine.