La natalité française décroche inéluctablement. En 2023, l'indice de fécondité a chuté à 1,68 enfant par femme, son plus bas niveau depuis 20 ans. Cela ne s'arrange pas en 2024 : sur les six premiers mois de l'année, le nombre de naissances a encore reculé de 2,4%. D'après un rapport remis à Matignon, cela laisse d'abord entrevoir des fermetures de classes et des suppressions de postes d’enseignants.
Moins de dépenses en matière d'éducation...
Dans un premier temps, elle pourrait donc soulager le fardeau des finances publiques. La baisse des naissances entraîne mécaniquement des économies en matière d'éducation qui est le premier budget de l’État, avec 64 milliards d’euros de crédits cette année. Moins de classes, ce sont moins d’élèves, et donc moins de professeurs et de personnels à payer.
D'autres postes budgétaires pourraient aussi diminuer selon Bruno Chrétien, président de l’Institut de la protection sociale (IPS). "La conséquence à court terme peut paraître positive puisque ça veut dire qu’il y aura moins de dépenses sociales, moins de prestations familiales, moins de dépenses de crèches... C’est le côté positif mais il est extrêmement réduit et de courte durée", tient-il à souligner sur Europe 1.
... mais une bombe pour le système de retraite
À plus long terme effectivement, la baisse de la natalité est dévastatrice pour les comptes publics, déjà plombés par une dette de 3.100 milliards d’euros. "La baisse de la fécondité est un poison lent pour les systèmes de retraite", pointe Bruno Chrétien. "Notre système a été bâti sur une logique exclusive de répartition. Ce sont les actifs d’aujourd’hui ou les actifs de demain qui paient les retraités d’aujourd’hui ou de demain. Moins on a d’enfants, moins on a d’actifs, et donc plus il deviendra coûteux d’équilibrer les régimes de retraite", expose le président de l’IPS.
Des perspectives d’autant plus inquiétantes que dans son rapport de juin dernier, le Conseil d’orientation des retraites (COR) tablait sur un système de retraite en déficit de 12 milliards d’euros en 2030. Et ce, alors même que la dernière réforme visait, avec le report de l’âge légal de 62 à 64 ans, à assurer l’équilibre financier du système.